Chers frères et sœurs,

Nous nous trouvons réunis dans l’Église de nos amis Maronites, apôtres de la paix et de la coopération interconfessionnelles et inter-religieuses. Je rentre d’une semaine au Liban, terre natale de nos hôtes, lieu où 18 confessions vivent en paix. Aujourd’hui le Liban offre un havre de paix à plus d’un millions de réfugiés. Cette terre biblique a beaucoup souffert pour porter témoignage du Christ et de l’unité de ses disciples. Aujourd’hui les Chrétiens du Moyen Orient témoignent du Christ d’une manière particulière. En versant leur sang pour leur foi ils donnent un témoignage radical qui crée un œcuménisme de martyres.

Prier pour l’unité dans cette église attire notre attention vers les Chrétiens de l’Asie du Sud –ouest et de l’Afrique du Nord ; vers tous les réfugiés et les personnes de bonne volonté en Syrie, Egypte, Irak ; vers les Chrétiens d’Arabie Saoudite et vers les pays Musulmans et pays communistes qui interdisent ou limite l’expression de la foi chrétienne.

Nous pensons à l’Ukraine où une guerre hybride est impitoyablement menée contre le pays depuis plus de trois ans ; à l’Amérique latine où ceux qui promeuvent la justice sociale selon les enseignements de Jésus sont brutalisés.

Nous prions pour tous les Chrétiens en Europe, alors que nous commémorons le cinq centième anniversaire de la profonde intuition de l’évangélique et de la désunion chrétienne moderne.

Durant cette semaine, où nous prions pour l’unité des Chrétiens, il faut nous interroger sur la persistance du phénomène de désunion des Chrétiens. Les Chrétiens vivent désunis depuis si longtemps et le phénomène est tellement généralisé !

Partout dans le monde, on peut côtoyer non seulement la diversité de l’expression chrétienne, mais aussi l’opposition mutuelle tacite ou implicite des communautés chrétiennes. La question centrale pour nous devrait être : «Pourquoi existe-t-il une telle désunion entre les Chrétiens ? Pourquoi, étant donné l’essence même de l’Evangile que nous prêchons tous, les Chrétiens ne vivent-ils pas dans l’unité ? »

La plupart du temps, nous ne sommes plus du tout scandalisés par l’état de désunion des Chrétiens. Nous ne nous posons plus cette question embarrassante.

Le grand Métropolite ukrainien, Andrei Sheptytsky a été le chef de l’Église gréco-catholique Ukrainienne de 1901 à 1944. Il fut un pionnier de la réconciliation chrétienne et inter-ethnique durant la dramatique première moitié du vingtième siècle ; un précurseur qui a mis en pratique beaucoup des vérités de Vatican II, un sauveur de juifs pendant l’holocauste qui a condamné publiquement et explicitement les politiques génocidaires des Nazis et des Soviets.

Il a beaucoup réfléchi et prié au sujet de cette question de la désunion. Après avoir passé une vie entière à étudier cette question [sous toutes ces facettes], le métropolite Andrei y répondait simplement : « Si nous n’avons pas d’unité entre Chrétiens, c’est parce que nous ne le voulons pas ! ». Nous ne le voulons pas, ou tout du moins nous ne le voulons pas assez.

Nous avons besoin d’être inspirés afin de rejeter totalement la discorde fraternelle. C’est la grandeur de notre rencontre avec le Christ qui est la source de notre force pour se débarrasser de ce qui est étranger à l’identité authentique du Corps du Christ.

Notre témoignage enfin n’est pas dans la quantité mais dans la qualité C’est en étant sereinement radieux dans la joie e la paix que nous surmonterons de plus en plus la résignation à la division et au sens de l’impuissance quant au passé.

Le Seigneur est proche. Puisse la grâce de Dieu et de Jésus-Christ notre Sauveur être avec nous tous !

Cathédrale Notre-Dame de Liban

Paris, le 21 janvier 2017