
Originaire du diocèse de Tarbes et Lourdes, Père André Cabes est le recteur du Sanctuaire de Notre Dame de Lourdes, où il a été ordonné prêtre en 1977. Il a passé ses premières années de sacerdoce comme chapelain à Lourdes, responsable du Service Jeunes et fondateur de l’École de l’Évangile, une année de formation et de discernement. En 2015 il revient à Lourdes à l’appel de Mgr Nicolas Brouwet, évêque de Tarbes et Lourdes. Sur le rôle de Lourdes dans sa vie, il dit : « Lourdes fait partie intégrante de ma vie depuis toujours, dès le sein de ma mère ».
À l’occasion du 35ème anniversaire de la consécration de l’église gréco-catholique ukrainienne à Lourdes, le Père André a gentiment accepté de s’entretenir avec le Service de communication de l’Éparchie gréco-catholique ukrainienne de Paris.
Le Sanctuaire de Lourdes est l’un des plus connus au monde, il est aussi le haut lieu de la spiritualité et du service. Comment voyez-vous son rôle en Europe et en France en particulier, où l’on assiste aujourd’hui à une crise spirituelle ?
Le Pape François vient de rattacher le Sanctuaire de Lourdes au Conseil pour la Nouvelle Évangélisation à Rome (jusque-là, il était lié à la Congrégation pour le clergé). La nouvelle évangélisation signifie que l’on est envoyé vers les frontières, pour un nouveau combat spirituel pour tant de gens dans cette Europe ultra-sécularisée ressentant un immense vide au fond d’eux, les jeunes en particulier.
Les gens n’iront pas spontanément vers leur paroisse sauf exception. Il y a encore des paroisses-oasis qui vivent très bien, mais c’est vraiment la petite minorité. Dans les grandes villes, habituellement, les gens sont plutôt perdus et isolés. Lourdes est un lieu-phare qui va les attirer parce qu’il y a des rassemblements et du service, notamment la présence des plus pauvres et des plus faibles, des malades. Ce sont précisément ces deux possibilités : se retrouver avec d’autres gens et être au service des plus pauvres, qui attirent les pèlerins, spécialement les jeunes.
Il s’agit également d’un lieu d’accueil pour les familles, et nous voudrions amplifier notre effort en ce sens. On tient beaucoup à l’accueil des familles et notamment des familles blessées. Notre évêque, Mgr Nicolas Brouwer, dit que Lourdes est le lieu pour les malades, et s’il y a des malades aujourd’hui, ce sont bien les familles. Là est l’accent que nous mettons.
Ensuite, il faut compter avec la caractéristique internationale de Lourdes. Lourdes n’est pas français de la même manière que Częstochowa est polonaise et Fatima est portugaise. Même si, géographiquement, nous sommes en France (heureusement, il y a beaucoup de Français qui viennent), ce lieu est vraiment international. On dit quelquefois en souriant que le plus grand sanctuaire italien, c’est Lourdes !
Dans une société qui valorise la force – physique, mentale, intellectuelle – Lourdes fait la place aux plus pauvres, aux plus faibles. Imaginez 10% des malades de Lourdes dans les rues de Saint Tropez – ce serait la ruine de la grande station touristique du sud de la France ! Ici, c’est un monde à l’envers, et les gens en ont besoin dans notre société qui va de plus en plus vite et qui marginalise de plus en plus les personnes. Quelqu’un qui est honoré aujourd’hui pourrait être jeté au fossé demain. La peur d’être rejeté est omniprésente : peur des enfants d’être abandonnés par des familles éclatées, peur d’un travailleur d’être éjecté par un plan d’ajustement dans son entreprise…
À Lourdes, on voit qu’on n’a plus peur d’être faible, malade, petit. Tous sont là et nous communiquent une joie que nous, bien-portants, ne savons pas communiquer.
Pour qu’un groupe vienne en pèlerinage à Lourdes, il faut qu’il se prépare pendant un an. Ainsi, cette image de Lourdes peut enseigner une certaine façon de vivre aux paroisses et aux communautés qui mettent en valeur les jeunes, les familles, les plus pauvres et les étrangers.
Il a beaucoup de défis dans la vie du Sanctuaire. Notamment, on assiste à une baisse du nombre de pèlerins. Pourriez-vous nous dire comment Lourdes fait face à ces différents défis ?
En fait, il n’y a pas de baisse du nombre. En parallèle des groupes organisés, il y a beaucoup plus de particuliers qui viennent par avion ou par train. Le défi est double : celui de s’adapter à cette population qui vient autrement et celui de ré-encourager les pèlerinages organisés qui restent pendant au moins trois jours voire une semaine, parce que c’est la colonne vertébrale du sanctuaire.
Je dis colonne vertébrale parce que ces pèlerins vivent une démarche de prière, de réflexions, de rencontres qu’ils ne peuvent pas vivre s’ils arrivent en début d’après-midi et repartent le lendemain matin après « avoir fait » ce qu’on appelle « la retraite aux flambeaux ». Là, nous ne pouvons rien faire. Toutefois, nous pouvons essayer de convaincre les tour-operators et les agences de voyage que cela vaut le coup de rester plus longtemps. Nous voudrions leur faire découvrir la réalité des pèlerinages organisés qui permettent aux pèlerins de voir les malades présents à Lourdes, de rester auprès d’eux.
A présent, nous voyons s’organiser des pèlerinages de malades qui ne sont jamais venus auparavant : de Pologne, de République tchèque, de Slovaquie, d’Indonésie ! De plus en plus de groupes viennent d’Asie. Les groupes asiatiques réunis constituent presque la deuxième population ici, mais ils restent très peu. Il faut leur donner le goût d’une démarche plus profonde et plus longue, et cela est vraiment un grand défi.
Je suis surpris de voir le nombre de Tamouls dont beaucoup vivent en Europe occidentale mais restent marqués par leur culture. Ils ne sont pas tous chrétiens, mais ils recherchent l’eau, les piscines, la montagne, le chemin de croix, la personnalité féminine de Marie. Toutes ces choses les attirent beaucoup, et il faudrait parvenir à évangéliser cette démarche.
Il faut faire en sorte qu’ils puissent se dire : « c’est le Seigneur qui est mon rocher », pas simplement la grotte qui symbolise quelque chose de profond psychologiquement. La Bible nous fait chanter dans les psaumes que le Seigneur est le Rocher. L’eau est un autre signe fort : on voit écrit au pied de la Croix bretonne pour le Jubilé de la Miséricorde « De son cœur jailliront des fleuves d’eau vive ». Cette eau qui jaillit de l’amour du Christ, c’est la source des sacrements. Le chemin de croix n’est pas simplement un chemin dans la montagne. C’est un chemin de Dieu qui se donne, arrivant à rendre réelle la perception un peu symbolique et quelque fois sentimentale qui se vit ici.
Je pense que c’est pour cela que nous sommes maintenant rattachés à la Nouvelle Évangélisation. Afin qu’à travers tous ces gestes de piété populaire dont parle souvent le Pape, nous puissions faire découvrir l’Évangile : Jésus qui rencontre les personnes auprès de la piscine de Bethesda, l’aveugle-né à la porte du Temple, etc. C’est cette rencontre avec le Christ qui est au bout. L’écrivain et théologien Olivier Clément disait que le christianisme est la religion des visages. Quand j’entre dans une célébration, voyant devant moi tous ces corps déformés et visages abimés, c’est une vision du ciel. On voit que c’est l’amour du Christ qui les attire ici. Je pense que cette réalité que seuls les chrétiens peuvent manifester peut véritablement révolutionner le monde.
La confession est la démarche continue. A Lourdes, il y a deux lieux de joie et de difficulté à la fois : les piscines et la chapelle de confession. Beaucoup de gens viennent là. Lourdes est pour eux le point de référence. On se rend compte que dans le monde déchristianisé de la France, les gens ne voient plus de prêtres. Alors quand ils sentent qu’ils en ont besoin, ils viennent à Lourdes. Bien sûr, notre devoir est de leur dire que quand il y a seulement une messe tous les mois ou tous les deux mois, il faut prendre le prêtre par la manche, il faut ne pas attendre l’année prochaine pour se confesser. C’est l’un de nos principaux défis et notre espérance en même temps : on voit bien que la Vierge Marie continue à attirer le monde.
Aujourd’hui, il y a moins de gros pèlerinages diocésains qui font l’effort pendant toute l’année de faire le tour des paroisses, de parler de ce qu’ils ont vécu à Lourdes, d’avoir des petites équipes de partage, de prière, de réflexion. Néanmoins, le chiffre de pèlerins ne baisse pas : au contraire, il augmente. Notamment, l’accueil des jeunes fonctionne bien. Par exemple, l’association HCPT (Hosanna House and Children’s Pilgrimage Trust – ed.), basée au Royaume-Uni, organise des séjours à Lourdes d’enfants malades venant de dix-sept pays (y compris des pays de l’Europe de l’Est). Ils viennent par petits groupes : enfant malades et enfants bien-portants. C’est une véritable fête quand ils sont ici, au nombre de quatre mille. Tous les deux ans, le mouvement Le Fraternel organise la venue de dix à douze mille jeunes de la région parisienne, en particulier de ces périphéries. Il y a le pèlerinage du cancer qui réunit cinq à six mille personnes tous les ans. Tous ces pèlerinages ne baissent pas. Au total, il y a environ 40% des pèlerinages qui baissent en nombre, 40% des pèlerinages qui montent et 20% dont le nombre est relativement stable. Et puis nous avons environ 50% de gens qui viennent en dehors du cadre d’un pèlerinage organisé, et auxquels nous voulons proposer des parcours variables avec une démarche spirituelle de consécration à Marie.
L’an dernier, j’ai relancé l’archiconfrérie de l’Immaculée Conception de Notre Dame de Lourdes qui a été fondée en 1872 et qui permet aux membres d’être réunis dans une famille et de participer à la grâce de Lourdes. Et hier, j’ai rencontré un groupe de Miami en Floride (Etats-Unis) qui veut lancer un projet d’hospitalité là-bas et qui a demandé à faire partie de cette famille de Notre Dame de Lourdes. Il s’agit de spiritualiser et d’institutionnaliser le lien avec Lourdes : pas simplement sentimental, mais par l’appartenance concrète à une famille, avec une réunion tous les mois pour ceux qui sont ici et un envoi régulier d’un petit texte sur la fête mariale du mois.
En 2016, nous ne voulions pas simplement fermer le Jubilé de la Miséricorde, mais ouvrir quelque chose. En lien avec l’association Mère de Miséricorde, nous avons inauguré la Grotte de la Consolation. Cette association, qui s’occupe des mamans qui ont avorté, a créé au sanctuaire de la Sainte Baume dans le Var la grotte de Sainte Marie Madeleine, où des parents qui ont vécu le drame de l’IVG peuvent laisser sur une plaque le nom de l’enfant qu’ils ont perdu. Nous avons aussi à Lourdes, en bas du chemin de Croix, la grotte de la Madeleine qu’un capucin du 19ème siècle avait inauguré, mais qui avait été un peu oubliée. On s’est rendu en procession depuis la porte de la Miséricorde jusqu’à cette grotte de la Consolation. Et désormais on y accompagne les familles et les parents pour faire mémoire du drame de l’avortement, mais aussi de la perte d’un enfant à travers la drogue, et beaucoup d’autres choses. Nous recueillons les noms des enfants et les lettres que les parents écrivent à ces enfants morts. C’est aussi le signe de la maternité de Marie qui veut ici montrer aux personnes qu’elles ne sont pas oubliées. Quel que soit le drame qu’elles ont vécu, quel que soit le péché que nous avons commis, il y a toujours un chemin ouvert, et cette grotte est le lieu où nous sommes accueillis pour renaitre.
Le Sanctuaire de Lourdes a une spécificité par rapport aux autres sanctuaires mariaux : il y a une église ukrainienne gréco-catholique.
Nous avons la fameuse chapelle ukrainienne à la basilique de la Rosaire qui était là depuis plusieurs dizaines d’années, et maintenant l’église ukrainienne qui fait dire aux visiteurs « qu’est-ce que c’est, il y a des Russes ou des orthodoxes ? ».
Comment voyez-vous le rôle et la présence de cette église et des Ukrainiens dans le sanctuaire ?
Peut-être je n’y ai pas été suffisamment attentif, avant votre visite et la rencontre que j’ai pu avoir avec le père Herman Nychak. Je n’ai pas encore vu beaucoup de groupes, mais les personnes y viennent. Cette église joue certainement un rôle de pont. Nous ne nous rendons pas compte que nous sommes une partie de l’Église, et que l’Église est beaucoup plus riche. Nos chapelains ont effectué en voyage en Liban, et ils m’ont dit que tous les jours il y avait des rites différents voire très différents et qu’ils ne reconnaissaient pas. En même temps, on voyait bien que c’était la même liturgie, les paroles, l’Eucharistie, mais la manière de célébrer était surprenante.
Nous avons besoin de voir la diversité des réponses au même appel de Dieu. Ce qui nous importe, c’est la renaissance qui montre qu’après des dizaines et des dizaines d’années de persécutions, la foi rejaillit. C’est bon de voir des gens qui redécouvrent la liberté de croire.
Je me souviens d’une rencontre, quand j’étais un jeune chapelain à Lourdes, avec un séminariste tchèque dominicain qui venait ici après être allé en Espagne. Il m’a raconté qu’il venait d’acheter des livres de théologie en Espagne, parce que les douaniers bloquaient les livres religieux en allemand et anglais, mais laissaient passer ceux en espagnol qu’ils ne connaissaient pas. Moi, j’étais à l’époque en civil comme tous les prêtres dans les années 1970. Et il m’a dit que nous ne nous rendions pas compte que nous pouvions montrer notre foi ; nous sommes vraiment libres mais l’on ne nous voit pas, or certains pouvaient payer le prix du sang pour leur foi. C’est pourquoi je pense que nous avons besoin de cet élan : dire la joie, manifester notre foi publiquement, dans les familles, les villages et les sociétés, montrer que notre société a besoin de cette respiration. Nous avons besoin de voir que la foi n’est pas simplement une option privée – « les uns aiment le foot et les autres aiment la religion » – mais que là, il y a vraiment un appel.
Et puis ce sont les racines. L’histoire peut expliquer beaucoup de choses et faire mémoire. Je pense qu’on peut être encouragé par ces groupes de personnes qui ont peur de perdre leur mémoire, leur histoire, d’être complètement passés à la table rase. Nous, en Occident, qui courons aussi le risque d’être un peuple déraciné, avons besoin de ce témoignage.
Comment à votre avis la présence des Ukrainiens peut elle être intégrée plus profondément?
Il faut que les Ukrainiens se sentent responsables, puisqu’ils sont les premiers [catholiques orientaux à posséder leur propre église à Lourdes]. Je ne sais pas comment ça se fait qu’il y ait cette chapelle ukrainienne. Mais il y a une histoire pour cette chapelle puis l’idée de construire cette église, il y a 35 ans. Peut-être ont-ils la mission d’inviter d’autres rites orientaux, d’autres rites chrétiens. Nous avons ici un certain nombre de réfugiés de rite chaldéen, syriaque, assyrien. Ils sont différents, mais comment peut-on les aider aussi à ne pas perdre leur mémoire, à précisément ne pas être noyés dans cette espèce d’occident matérialiste ?
Peut-être, y a-t-il une sorte d’élan. Nous avons aussi rencontré le père George Achkov qui est un prêtre orthodoxe russe et qui a une petite chapelle ici. Ce serait bien pour la semaine de prières pour l’unité [des chrétiens] qu’on fasse une équipe relancée, et cela pourrait même être bien plus large. Cela pourrait être grâce aux Ukrainiens que l’on pourrait inviter d’autres rites, d’autres Églises, d’autres traditions qui viendraient partager leurs richesses et les communiquer.
Nous avons vraiment besoin de ce partage. Ça pourrait aider en particulier ces réfugiés d’Orient qui sont venus ici et qui n’ont pas d’assistance spirituelle. Ils ne se mettront probablement pas à prier en ukrainien, mais la présence ukrainienne peut les inciter à être eux-mêmes. Pourquoi ? Je pense que Marie est la Maman et elle veut ressembler tous ses enfants. Peut-être faut-il y voir un signe et un rôle de pont. Peut-être un jour nous [ferons] que les Russes et les Ukrainiens puissent venir, même s’il y a des sensibilités et des histoires assez compliquées.
La Sainte Vierge est capable de réunir des diversités et des difficultés. Nous les avons aussi entre catholiques, mais il y a un amour de Marie, un amour de l’Église, un amour de l’unité, un amour de l’humanité, un amour de frères, parce que il est ton frère. Il est bon, il est intéressant, même s’il est athée. Moi je ne l’ai pas créé, mais le Seigneur l’a créé, donc il s’intéresse à lui et je ne peux pas m’en désintéresser. Je pense que les Ukrainiens peuvent, par ce côté exotique pour nous, nous aider à sortir de notre coquille, de nos problèmes et de nos peurs.
Les Ukrainiens sont présents à Lourdes à travers le ministère de leur chapelain et des sœurs, à travers le pèlerinage annuel des militaires. Comment voyez-vous l’avenir de la présence ukrainienne à Lourdes ?
Ce sera à vous de l’inventer. Quand je descends chaque matin à la Grotte, parfois j’entends les mélodies orientales : ce jour-là c’était les Arabes. L’on reconnait la liturgie byzantine qui touche profondément le cœur par ses mélodies et par son style profond. J’ai entendu le témoignage d’un artiste musulman d’Algérie qui est allé en Syrie et qui, circulant dans la rue de Damas, a entendu le chant dans l’église chrétienne. Il est entré, et il a été converti par cette musique.
Je vais au mont Athos qui n’est pas un lieu œcuménique extraordinaire, mais c’est le moment pour découvrir ces choses qui viennent du fond des âges. Ces choses-là ne sont pas fabriquées chaque année par un compositeur qui le fait bien. En France, tous les ans, il y a cent à deux cent chants qui sont fabriqués, et cela ne va pas, parce qu’à chaque fois, cela n’a pas le temps de pousser. C’est comme si dans son jardin, on arrachait les arbres tous les ans : ils n’ont pas le temps de porter du fruit !
Mais dans les chants orientaux liturgiques, on sent [cette ancienneté]. Je ne connais pas l’arabe et je ne suis pas capable de suivre la Liturgie en arabe, mais en descendant l’escalier vers la Grotte, je me dis : ça c’est la liturgie byzantine, et je me laisse porter. Les orientaux, c’est très fort ! J’ai suivi quelques sessions sur l’Église assyrienne, et cela redonne un sens qu’on avait un peu oublié, en reconnaissant des formes semblables d’autres rites, des autres Église que la nôtre. Cela peut aider Lourdes à être l’un des endroits où l’on peut retrouver cette profonde spiritualité qui parle au cœur et qui en même temps pourrait permettre aux gens de se rencontrer et de s’étudier.
Quelques mots de conclusion ?
Lourdes est un miracle quotidien. Chaque jour nous avons la joie d’une rencontre, de choses qui nous ouvrent le cœur. C’est vrai partout, mais ici Marie nous fait un clin d’œil particulier. C’est une grande grâce que nous pouvons rapporter de Lourdes : que notre Dieu accompagne vraiment son peuple.
Je suis persuadé que la mission est enfantement. Saint Paul dans l’épitre aux Galates dit : « Mes enfants, vous que j’enfante à nouveau dans la douleur jusqu’à ce que le Christ soit formé en vous » (Ga 4,19). Enfanter la vie du Christ et d’apostolat n’est pas que la communication de doctrines, d’une morale, d’une philosophie, ou d’une idéologie. Elle est une communication de vie, comme la maman sait porter son enfant et lui communiquer. Ainsi, la Croix porte les fruits à travers la foi de Marie.
Marie n’ajoute rien au nom de Dieu, mais elle l’accueille tout entier. Elle nous communique vraiment tous les fruits de la Rédemption. Je crois que Lourdes au travers de cette présence des plus pauvres et des plus faibles veut nous manifester la naissance d’une humanité nouvelle. En étant ce lieu de rencontre tout ordinaire et simple, Lourdes est un endroit où de l’humanité renaît.
Un petit mot pour les Ukrainiens à l’occasion de leur pèlerinage européen et de la commémoration de la consécration de l’église ukrainienne à Lourdes ?
On ne peut que s’en réjouir, d’abord pour la visibilité de cette église. Rares sont le gens qui n’ont pas vu ces bulbes dorés à Lourdes. Ils ne pouvaient pas deviner que c’est une église ukrainienne, mais c’est un signe pour eux. Cette église attire aussi les Ukrainiens qui savent qu’ils ont leur maison ici et peuvent y venir.
Je souhaite que petit à petit cette église puisse faire partie de l’animation de Lourdes en fonction de tout ce dont nous avons parlé. On ne peut que souhaiter que ce pont soit lancé en fonction des sensibilités des uns et des autres, mais qui manifeste le désir de Maire de voir arriver encore des enfants inattendus !
Merci beaucoup !
Lourdes, 12 octobre 2017
Entretien mené par diacre Volodymyr Radko,
Service de communication
de l’Éparchie gréco-catholique ukrainienne de Paris