MESSAGE PASCAL De Sa Béatitude Sviatoslav, Primat de l’Église gréco-catholique ukrainienne

Vénérables Eminences,

Révérends Pères,

Révérends moines et moniales, chers fidèles en Christ

De l’Eglise gréco-catholique ukrainienne

Le Christ est ressuscité !

Tel un Agneau d’un an,

Le Christ, notre douce couronne de bénédiction,

De plein gré s’est immolé pour tous,

Notre Pâque purificatrice,

Mais sortant du tombeau, il nous illumine,

Lui, le beau Soleil de Justice.

(Chant du quatrième Canon de Pâques)

Bien-aimés en Christ !

Aujourd’hui, résonne dans l’univers le carillon unanime de l’allégresse : « Le Christ est ressuscité ! » En ces mots résident la force et la reconnaissance de la vérité essentielle de la foi chrétienne. « Il est vraiment ressuscité ! »—répondent ceux qui croient réellement en la résurrection de notre Sauveur et en sa victoire sur l’enfer et la mort. Croire au Ressuscité — c’est croire en la résurrection que chacun de nous pourra éprouver personnellement. C’est grâce à la foi que nous devenons chrétiens, c’est-à-dire unis à la vie éternelle de notre Divin Sauveur qui sort en gloire du tombeau scellé. C’est pourquoi l’apôtre Paul assure : « En effet, si de ta bouche, tu affirmes que Jésus est Seigneur, si, dans ton cœur, tu crois que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, alors tu seras sauvé. Car c’est avec le cœur que l’on croit pour devenir juste, c’est avec la bouche que l’on affirme sa foi pour parvenir au salut » (Rom 10, 9-10). Nous célébrons un événement dont ont témoigné les saints apôtres. Par la grâce de l’Esprit Saint, nous pouvons expérimenter, dans les liturgies pascales, ce dont ont témoigné les femmes myrrhophores au tombeau et les apôtres qui ont personnellement rencontré le Sauveur ressuscité et qui furent Ses témoins jusqu’aux confins de la terre. Aujourd’hui, en cette fête lumineuse, unissons-nous à nouveau à Lui et adressons-nous à Lui avec les mots de l’apôtre Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu » (Jn 20, 28).

Tel un Agneau d’un an, le Christ, notre douce couronne de bénédiction

Qui est ce Christ que nous rencontrons, ressuscité du tombeau ? Il est d’abord notre Dieu incarné, qui a vaincu la mort et que les portes de l’enfer n’ont pu retenir. Les matines de Pâques assimilent le Christ Jésus à l’agneau pascal offert en sacrifice pour la libération et le salut du peuple élu. En cette nuit en Egypte, qui la première fut appelée nuit pascale, l’ange porteur de la mort épargna celui dont la maison était marquée du sang de l’agneau pascal ; commença alors le chemin du peuple élu hors de l’esclavage vers la liberté. Notre véritable agneau pascal est le Seigneur Jésus Christ, crucifié et ressuscité, comme l’écrit Saint Jean le Théologien dont l’Evangile, dès le début, témoigne du Christ par la bouche de Jean le Baptiste : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde » (Jn 1-29). Il est Celui Qui en cette nuit a brisé par Sa lumière les ténèbres de la servitude du péché et Qui nous conduit tous, à Sa suite, de la mort à la vie et de la terre au ciel.

Si, dans le saint Baptême, mystérieusement, nous mourons et ressuscitons avec le Christ, si nous communions à son Corps et à son Sang, consommant ainsi la Pâque du nouveau Testament, marqués de cette façon par le sang du Christ, alors la mort nous épargne, « passe à côté », et les portes des cieux s’ouvrent à nous. A chaque fois que nous célébrons la Divine Liturgie, nous communions à la résurrection — à cette vie qui a resplendi pour nous du tombeau vide. Et cette vie du Ressuscité est pour nous, enfants de Dieu, couronne de bénédiction, marque de notre dignité et de l’appel à être Ses témoins dans le monde, annonciateurs de Son Evangile.

De plein gré s’est immolé pour tous, notre Pâque purificatrice

Célébrer la Pâque chrétienne signifie que nous sommes capables, aujourd’hui, de nous relever par la force du Ressuscité et de nous éveiller pour agir — que nous sommes capables d’un sacrifice pascal personnel pour notre peuple, sa liberté, pour qu’il ait un meilleur destin. Contemplant les visages de nos héroïques combattants ukrainiens, qui ont offert leur vie en sacrifice pour leur peuple, nous pouvons être assurés que notre Père céleste reçoit ces sacrifices au nom de Son Fils. Par ces sacrifices mêmes, grâce au Christ ressuscité, nous triomphons déjà du mal et guérissons de nos blessures physiques et spirituelles.

Célébrer la Pâque chrétienne signifie pour nous, maintenant, être les messagers de la vie là où règne la mort. Reconnaître véritablement que le Christ « est vraiment ressuscité » signifie croire que, grâce à notre décision personnelle et à nos efforts, il est réellement possible de combattre la corruption et le mensonge dans notre société, qu’il dépend de nous quel sera notre pays : mourra-t-il, outragé par les puissants de ce monde, ou se relèvera-t-il, s’éveillera-t-il, renaîtra-t-il et ressuscitera-t-il à une vie vraie, digne de l’homme à l’image de Dieu ?

Le Christ qui rompt aujourd’hui les chaînes de la mort et sort du tombeau, est notre sortie de l’esclavage. Il nous purifie du péché, de la dépendance, des contingences matérielles, des tentations et des manipulations d’un petit groupe dont les membres s’estiment maîtres de ce monde. Il nous purifie de tout ce qui nous emprisonne et qui retire en nous la vie. Lui, le Seigneur ressuscité, est notre sortie des conjonctures de l’histoire : en Lui, nous triompherons de la guerre et de ceux qui l’attisent et la soutiennent. Le Christ est aussi notre entrée, notre « porte » (Jn, 10, 7-9). Il est pour nous « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14,6). Il nous donne la liberté pour vivre en plénitude, pour aimer Dieu et notre prochain, pour construire notre propre avenir sur cette terre donnée par Dieu. Ne permettons pas, baignés dans la lumière de la Résurrection du Christ, de nous laisser duper par des paroles vides et de vaines promesses, ni par la faiblesse de ceux qui manquent de foi en la vérité et en la justice de l’Evangile et qui ne font que se plaindre de leur sort.

Mais sortant du tombeau, il nous illumine, Lui, le beau Soleil de Justice.

Les difficultés et les incommodités — constituent l’expérience de chaque pèlerin dans son chemin vers Pâques. Ne fuyons ni la peine ni le sacrifice personnel dans ce cheminement victorieux. Nous avons souvent la tentation de nous retrancher de la réalité qui nous entoure, nous reportons notre responsabilité sur un autre, nous remarquons plutôt le mal que le bien, nous cherchons une « victime » sur laquelle nous voulons transférer nos propres fardeaux. Nous choisissons, pour nous, non pas un Agneau pur qui nous appelle à participer personnellement à la victoire sur la mort, mais un bouc émissaire sur lequel nous nous débarrasserons de tous nos péchés, faiblesses, peurs ainsi que de notre répugnance à endosser la responsabilité du destin de notre peuple. Nous voulons que quelqu’un le fasse à notre place, nous cherchons « quelqu’un » qui prendrait sur lui nos difficultés et qui paierait le prix pour notre bien-être, et que nos maux « passent à côté » de nous, sans effort personnel de notre part. Nous entendons comme on nous murmure : « Que les autres défendent notre Patrie, mais moi je veux me sentir en sécurité. Que les autres transforment le pays où je vis, à condition que moi je ne change pas. »

Mais le Christ nous appelle à une autre façon de vivre. Il est ressuscité des morts afin de nous changer en premier lieu, et d’abord moi, afin de me mettre en mouvement et de me relever, et à travers moi, tout ce qui m’entoure et tous ceux qui m’entourent. Si je désire une société meilleure, un pays meilleur, un monde meilleur, alors, je dois d’abord devenir meilleur moi-même. Et ce jour pour ce grand changement, l’heure où notre Soleil se lève, c’est aujourd’hui même ! Aujourd’hui, c’est Pâques pour nous ! Soyons grands dans le Sauveur ressuscité ! Du tombeau, le Christ a resplendi pour nous et Il est notre Soleil de vérité. Assez de plaintes — il est temps d’agir ! Le Soleil se lève — un nouveau jour commence. Dans la lumière de son rayonnement, cette opportunité nous est donnée aujourd’hui, en ce jour et en ce temps—ne la perdons pas !

Chers frères et sœurs en Christ ! Je vous salue tous en cette fête lumineuse de la Résurrection du Christ, en ce jour qui libère de la mort et du mal et qui ouvre les portes à la vie, à l’espérance et à l’amour. Je vous souhaite à tous la paix du Christ, cette paix que nous donne la victoire du Christ sur le mal et le mensonge, cette paix que désire si sincèrement chaque cœur ukrainien au milieu de la guerre. Encore une fois, à vous tous, en Ukraine comme sur vos terres d’accueil, j’adresse mes souhaits les plus chaleureux. Je vous souhaite des Fêtes de Pâques bénies, un savoureux œuf béni, ainsi qu’une radieuse joie pascale.

Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ ressuscité, que l’amour de Dieu le Père et la communion dans l’Esprit Saint soient avec vous tous !

Le Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité !

 SVIATOSLAV

Donné à Kiev,

En la cathédrale patriarcale de la Résurrection du Christ,

Le cinquième Dimanche de Carême, le 2 avril de l’année de Dieu 2017 


Traduction d’ukrainien en français : Maria Denysenko