Homélie de Mgr Lonchyna pour le 1er dimanche du Carême

11,24-26.32-40 ; 12,1-2

Nous tous nous avons besoin de héros – de personnes qui nous incitent à faire davantage d’efforts, à aller plus haut, à devenir meilleurs. Nous nous émerveillons devant des exemples de courage, d’humanité, et de bravoure des individus qui persévèrent en dépit de tout dans la guerre aujourd’hui en Ukraine. La Parole de Dieu aussi nous donne des exemples à imiter dans la lecture du péricope de la lettre aux Hébreux.

« Grâce à la foi, Moïse, devenu grand, renonça au titre de fils de la fille du Pharaon » ( 11,24). On présente Moïse, le grand prophète de l’Ancien testament qui – malgré tous ses fautes de caractère et ses erreurs – « regardait plus loin, vers la récompense » (v. 26). Voici le premier élément qui suscite l’inspiration : la vision large.

Ensuite, l’auteur continue avec une liste d’individus qui ont énormément souffert. « Par leur foi, ils ont conquis des royaumes, pratiqué la justice, obtenu la réalisation de certaines promesses … Mais certains autres ont été torturés et n’ont pas accepté la libération qui leur était proposée, car ils voulaient obtenir une meilleure résurrection. D’autres ont subi l’épreuve des moqueries et des coups de fouet, des chaînes et de la prison. Ils furent lapidés, sciés en deux, massacrés à coups d’épée. Ils allèrent çà et là, vêtus de peaux de moutons ou de toisons de chèvres, manquant de tout, harcelés et maltraités » (vv. 33.35-37). 

Toutes ces personnes ont cru en Dieu, l’ont servi et lui ont sacrifié leur vie. Pourquoi ont-ils dû tellement souffrir ? Quelle est l’explication, pourquoi le Seigneur permet-il de telles atrocités dans la vie de ses élus ?

Il n’y a pas de réponse suffisante à de telles questions. Mais ces faits nous poussent à chercher les solutions dans les promesses de Dieu. Voici un deuxième élément qui suscite l’inspiration : le Seigneur est en train de construire un nouveau monde, où il n’y aura ni souffrance, ni malheur. C’est le royaume de Dieu. Une indication qu’il s’agit d’une réalité attendue réside dans le fait que ces personnes y ont vraiment cru. Ils ont donné leur vie pour cette foi !

Enfin, l’auteur de l’épître aux Hébreux nous dit quelque chose d’étonnant : « Et, bien que, par leur foi, ils aient tous reçu le témoignage de Dieu, ils n’ont pas obtenu la réalisation de la promesse » (v. 39). C’est-à-dire, la promesse devait encore se réaliser en Jésus Christ. « En effet, pour nous Dieu avait prévu mieux encore, et il ne voulait pas les mener sans nous à la perfection » (v. 40). Cela signifie que les personnages de l’Ancien testament sont les précurseurs du royaume de Dieu, et nous, chrétiens, en sommes déjà des participants également, car Jésus est ressuscité de morts et il a initié pour nous le nouveau monde. Voici le troisième élément qui suscite l’inspiration : le Christ a rempli les promesses de salut que Dieu nous avait offertes.

Mais il faut être vigilant. L’auteur de l’épître nous exhorte : « Courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est à l’origine et au terme de la foi » (12,1-2). En regardant Jésus pendant ce grand Carême, nous trouverons la force de persévérer pour pouvoir rencontrer le Seigneur ressuscité à la Pâques.

Chers sœurs et frères, en vivant de foi et de confiance en Dieu, cherchons toujours à avoir une vision plus large que les vicissitudes humaines nous proposent. Ayons confiance que Dieu garde ses promesses. Et ayons toujours l’image du Christ devant nos yeux : qu’il nous soit présent à chaque moment, dans nos prières, nos décisions, nos relations. Prenant appui sur cette inspiration, commençons ensemble le voyage du Carême, voyage qui nous mène vers la Pâque : car nous sommes déjà filles et fils de la Résurrection.

Vincennes, paroisse Tous les Saints, le 6 mars 2022