Le Primat de l’Eglise gréco-catholique d’Ukraine appelle l’Europe à défendre ses valeurs

Accueilli par Mgr Borys Gudziak, évêque de l’Eparchie de Saint-Vladimir-le-Grand, Sa Béatitude Sviatoslav Shevchuk, Archevêque Majeur de Kyiv-Halytch, Primat de l’Eglise Gréco-catholique d’Ukraine, est en visite en France. Il estime que la crise ukrainienne est « un défi lancé à la communauté internationale » et dénonce une « catastrophe humanitaire ».

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Ironie du calendrier ? L’accord d’association UE-Ukraine est en première lecture au Sénat, ce jeudi 7 mai 2015, alors que Sa Béatitude Sviatoslav Shevchuk, Archevêque Majeur de Kyiv-Halytch, Primat de l’Eglise Gréco-catholique d’Ukraine, rencontre la presse à la cathédrale Saint-Vladimir-le-grand (Paris 6e). En cette veille du 8 mai, jour férié qui commémore la victoire des Alliés lors de la Seconde Guerre mondiale, l’Ukrainien prend pour modèle la réconciliationfranco-allemande : « La Russie et l’Ukraine devront l’envisager ».

Le soulèvement populaire du Maïdan à Kiev, pendant l’hiver 2013-2014, qu’on appelle désormais « la Révolution de la Dignité », s’est soldé par la destitution du président ukrainien mais aussi par l’annexion de la Crimée par la Russie et des combats dans l’Est du pays, entre l’armée ukrainienne et les forces séparatistes pro-russes.

Pour lui, place du Maïdan, la société civile a exprimé son « adhésion aux valeurs européennes » et son désir de rejoindre sa famille, « le peuple européen libre ». « Que l’Europe défende ses valeurs ! » demande Sa Béatitude Shevchuk qui rappelle que la guerre est « un échec de l’humanité ». Il estime d’ailleurs que la crise ukrainienne met en danger l’ordre mondial.

S’il encourage la voie diplomatique, il espère toujours une condamnation ferme et publique de la part du Saint-Siège. Elle était attendue lors de la visite Ad Limina des évêques ukrainiens à Rome, en février 2015. Mais le Pape François a préféré appeler à « l’unité des Eglises » et à « leur étroite collaboration », comme l’écrit David Nazar, S.J., supérieur régional des Jésuites en Ukraine.

A ce sujet, des rencontres régulières mais officieuses ont lieu avec l’Eglise orthodoxe russe d’Ukraine, au sein du Conseil des Eglises d’Ukraine et des Organisations Religieuses. En revanche, le dialogue avec le Patriarcat orthodoxe russe de Moscou est inexistant.

L’Eglise au cœur de la crise humanitaire

En pleine crise économique, l’Ukraine doit aussi faire face à une « catastrophe humanitaire ». Sa Béatitude Shevchuk n’hésite pas à parler d’une société « en état de choc post-traumatique », suite à l’annexion.

L’Eglise avance le chiffre d’un million et demi de réfugiés, dont un quart d’enfants. Le rapport de l’Observatoire des situations de déplacement interne, présenté le 6 mai, aux Nations Unies, à Genève, fait état, lui, de 650.000 nouveaux déplacés.

En zone occupée, les prêtres assurent le ravitaillement des civils dans les zones d’affrontement. L’Eglise gréco-catholiqueycompte 12 paroisses. A Donetsk, les 3 prêtres sont toujours sur place mais l’évêque a dû fuir. Ailleurs, ils ont été évacués, après avoir reçu, eux aussi, des menaces personnelles. En Crimée, les 5 paroisses ont encore chacune leur prêtre.

Dans ce contexte incertain et risqué, le chef de l’Eglise gréco-catholique redoute une nouvelle invasion militaire : « Il est de notre devoir commun d’arrêter cette guerre ».

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