
Ivanka Krypyakevyych-Dymyd
2013
C’est dans l’église des Saints Borys et Hlib à Senlis que l’icône de la Nativité du Christ réalisée en 2013 par l’iconographe ukrainienne Ivanka Krypyakevych-Dymyd, originaire de Lviv, s’offre à notre contemplation. Cette œuvre présente l’histoire du salut car elle montre le mystère de l’Incarnation du Fils de Dieu devenu homme. Il s’agit-là du début du processus qui va conduire à notre salut.
L’enfant Jésus est couché, endormi, dans la crèche. Pourtant son sommeil n’est pas sans rappeler la mort, parce que cet enfant est destiné à donner sa vie pour le salut du monde.
Sa mort est représentée par deux symboles : le linceul et la mangeoire.
L’enfant n’est pas emmailloté dans un molleton de bébé, mais il est couvert par le suaire dans lequel il sera enseveli. La crèche prend la forme d’une caverne pour nous rappeler le « tombeau taillé dans le roc » (Lc 23,53).
La mangeoire constitue le second symbole : Jésus lui-même devient la nourriture des hommes dans l’Eucharistie. Nous en faisons mémoire à chaque Liturgie.
La Mère de Dieu, au centre de l’icône, est couchée, les yeux clos, dans une attitude de contemplation. Elle ne regarde pas son Fils car « un être humain ne peut pas [voir Dieu] et rester en vie », comme le Seigneur l’a révélé à Moïse (Ex 33,20).
À la tête de la Mère de Dieu, on distingue la colombe – symbole de l’Esprit-Saint dont elle est le véhicule.
Au-dessus de la Vierge Marie les anges chantent « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime » (Lc 2,14) en annonçant aux bergers la bonne nouvelle de la naissance du Sauveur. Un autre ange conduit les « mages venus d’Orient » (Mt 2,1), guidés aussi par l’étoile « jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant » (v. 9).
Les mages également représentés à la droite de la Mère de Dieu, s’approchent de la crèche pour offrir « de l’or, de l’encens et de la myrrhe » (v. 11). L’inscription exprime une prière : « Donne-leurs à te voir comme enfant, car tu es plus ancien que l’antique Adam ».
Tous ensemble, bergers et mages représentent l’humanité entière pour laquelle Jésus est venu en tant que Sauveur et Rédempteur.
À gauche de la Vierge se tient le roi David, ancêtre de Jésus, jouant « sur la harpe et la cithare » (Ps150,3) pour louer le nouveau-né Roi d’Israël – son descendant. En effet, il est comme adossé à une branche issue « de la souche de Jessé » (Is 11,1), son père.
Dans le coin, on distingue Saint-Joseph dans la contemplation de cette prophétie d’Isaïe. La figure obscure près de lui représente Satan, le tentateur, déguisé en berger. Désormais Joseph a vaincu le doute qui le préoccupait sur l’authenticité de la naissance que va donner Marie dans sa virginité.
Dans le coin de l’autre côté, l’ancêtre Ève se laisse découvrir comme la sage-femme qui porte le bébé pour son premier bain, démontrant que le Divin Enfant est vraiment humain.
Au-dessus des mages, l’icône montre la suite du récit du Noël : le massacre des innocents. « C’est Rachel qui pleure ses enfants » (Mt 2,18 ; cf. Jr 31,15). Enfin, dans le coin supérieur de l’icône, on observe la fuite de la Sainte Famille en Égypte, guidée par un ange.
Au centre, au-dessous de la mangeoire, il est inscrit « la Nativité du Christ ». À droite les bergers s’approchent de la crèche en chantant : « Réjouis-toi, Mère de l’Agneau et du Pasteur » ; l’inscription à gauche annonce : « Ne crains pas et émerveille-toi : Dieu vient aujourd’hui sur la terre par amour ».
C’est ici que le message authentique de Noël se révèle : Dieu devient homme pour que l’homme devienne lui-même divin. C’est la théosis, la divinisation de l’homme, rendue possible par le fait que le Père nous a envoyé son Fils. L’icône de la Nativité nous invite à entrer en relation personnelle avec Dieu. Par la dynamique de l’Incarnation, abandonnons peur et défiance, ouvrons grand nos bras pour accueillir l’invitation du Christ avec foi, confiance et joie.
+ Hlib