Les femmes myrophores (c’est-à-dire, porteuses de myrrhe) qui ont été témoins de la crucifixion de Jésus-Christ n’ont pas eu le temps d’oindre le corps du Sauveur avec des aromates. Dès la fin de la journée du samedi, elles se sont dépêchées d’acheter de la myrrhe. Mais une question les tourmentait : « Qui nous roulera la pierre devant l’entrée du tombeau ? » (Mc 16,3). Cela les préoccupait.
Lorsqu’elles arrivèrent au tombeau, elles ne purent s’empêcher de s’étonner : la pierre avait déjà été roulée ! Mais de plus, près du tombeau, elles rencontrèrent un ange qui leur dit : « Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié ? Il est ressuscité : Il n’est pas ici ! » (16,6). Ce fut une telle surprise qu’elles en furent profondément troublées. Elles ne s’y attendaient pas : elles sont venues oindre le corps de Jésus, et voici qu’elles apprennent qu’il est vivant ! Elles revinrent auprès des disciples du Christ en annonçant que le Christ était ressuscité des morts. Ainsi les femmes myrophores devinrent les premières annonciatrices de la résurrection du Christ.
Actuellement, en ce temps de guerre en Ukraine, nous pouvons également nous sentir tout aussi impuissants que les femmes myrophores. Nous ne savons pas qui nous aidera à pousser de côté ces pierres que sont ruine, déchirure, et douleur ? Le mal a révélé son véritable visage, et nous nous sentons impuissants face à lui.
Pourtant nous devons tourner notre regard vers ce rayon de lumière qu’est le Fils de Dieu. La résurrection du Seigneur a changé le cours de l’histoire. Bien que nous entendions les paroles : « Le Christ est ressuscité », il nous est difficile de les comprendre lorsque les roquettes volent, les maisons sont détruites, les gens fuient, les civils sont déportés et tués. Dans l’obscurité de l’agressivité, de l’anxiété et de la menace de mort, nous ne voyons pas de lueur. Où faut-il chercher la lumière ?
Peut-être est-ce l’occasion pour nous de reconsidérer nos valeurs. Réfléchissons à la façon dont nous avons vécu jusqu’à présent ; réfléchissons aussi à ce que cette guerre nous a appris. La situation dramatique actuelle appelle chacun de nous à repenser notre vie et nos valeurs, à remettre Dieu à la première place pour définir l’amour pour lui et pour notre prochain comme la loi fondamentale de notre existence. C’est la résurrection du Christ qui nous offre une vision pascale – à la fois ancienne et nouvelle – de notre vie présente.
Chers sœurs et frères, croyons en la victoire du bien sur le mal. Le Seigneur ne nous abandonnera jamais avec nos attentes et nos peines. Approfondissons dès à présent notre relation à Dieu. Nous pouvons le faire, car notre espoir n’est pas dans notre force humaine, ni dans la victoire des armes, ni dans notre bonheur. Notre espérance est dans le Seigneur ! « Par ta résurrection, Christ, tu as capturé l’enfer et ressuscité l’homme. Accorde-nous un cœur pur pour te chanter et te glorifier » (Ton 1, stichère sur la louange).
Nous vous adressons, à vous qui êtes les bien-aimés dans le Christ, à chacun d’entre vous, à vos familles et à vos enfants, de chaleureuses salutations de Pâques. Puisse cette parole du Seigneur ressuscité vous accompagner dans cette période difficile et tout au long de votre vie : « La paix soit avec vous ! »
Paris, cathédrale Saint Volodymyr le Grand, le 24 avril 2022