Homélie de Mgr Hlib pour le 8ème dimanche après la Pentecôte

1 Co 1,10-18

On pense, peut-être, que les premiers chrétiens ont été des personnes équilibrées, pleines de charité envers chacun, unies dans leurs communautés. Mais la première lettre de saint Paul aux Corinthiens nous donne une autre image – celle la division et de la rivalité entre divers groupes. « “Moi, j’appartiens à Paul”, ou bien : “Moi, j’appartiens à Apollos”, ou bien : “Moi, j’appartiens à Pierre”, ou bien : “Moi, j’appartiens au Christ” » (1 Co 1,12). Qu’est-ce que cela signifie ? Que chaque chrétien est plus attaché au messager qu’au message. Cela crée la division.

Quelle est la cause des divisions dans nos vies ? Regardons la division dans nos cœurs, les raisons de l’incompréhension envers nos prochains, et qu’est-ce qu’il faut faire pour surmonter nos différences – et les menaces de division ?

La première division est en nous-mêmes. Paul nous l’explique dans la lettre aux Romains : « Dans les membres de mon corps, je découvre une autre loi, qui combat contre la loi que suit ma raison et me rend prisonnier de la loi du péché présente dans mon corps » (Rm 7,23). C’est le péché qui crée la division dans mon cœur : je voudrais suivre la loi de Dieu car je reconnais qu’elle est juste, mais, malheureusement, souvent je n’y obéis pas et même je fais le contraire !

Ensuite, j’ai honte de mon péché et alors je le projette sur les autres. Parfois même je ne le vois pas en moi, mais je le reconnais facilement dans mon prochain. Jésus nous l’a déjà indiqué en disant : « Quoi ! tu regardes la paille dans l’œil de ton frère ; et la poutre qui est dans ton œil, tu ne la remarques pas ? » (Mt 7,3). C’est la nature de l’homme. Pour cela, quand nous nous irritons contre quelqu’un, il est important de chercher en nous-mêmes, si la raison de notre gêne ne se trouverait pas dans quelque désordre dans notre vie.

Une autre raison pour les divisions entre nous – c’est le manque de respect pour les opinions et les choix des autres. Nous sommes tous différents et chacun a ses points de vue, ses goûts et sa volonté. Nous, peut-être, ne sommes pas d’accord avec une personne, cependant elle mérite notre déférence. Cela ne veut pas dire qu’on ne doit pas exprimer notre désaccord ou montrer une autre optique de la question. Mais il faut se rappeler l’exemple de notre Seigneur : il a respecté les choix des hommes – même celui de Judas ! Car la liberté de l’homme est un don que Dieu ne nous enlèvera jamais.

Eh bien, que faut-il faire pour sauvegarder l’unité parmi nous ? Saint Paul nous indique qu’on doit faire attention au message, plutôt qu’au messager. Il arrive que les gens entrent en conflit avec un prêtre et par la suite décident de ne plus fréquenter la messe. C’est mal ! On ne doit pas abandonner les commandements de Dieu à cause des litiges avec les hommes. C’est le message qui est important : le message de charité, de bienveillance, du support mutuel. Nous sommes tous différents, pourtant nous voulons que tout se déroule selon nos désirs, et nous pensons toujours avoir raison à propos de n’importe quelle question. Cela nous apporte des souffrances car personne ne pense également comme nous.

Le problème est le suivant : nous basons notre réflexion sur la sagesse humaine, mais cela rend « vaine la croix du Christ » (1 Co 1,17). En effet, Jésus est venu pour nous enseigner une autre sagesse, fondée sur le sacrifice de soi. C’est la croix qui nous motive pour chercher le bien des autres, nous incite à nous sacrifier pour le bien de tous, de renoncer à nous-même en faveur de notre prochain. C’est difficile à comprendre, car « le langage de la croix est folie pour ceux qui vont à leur perte, mais pour ceux qui vont vers leur salut, pour nous, il est puissance de Dieu. » (v. 18). 

Chers sœurs et frères, c’est la puissance de Dieu qui conserve l’unité entre les hommes. Reconnaissons donc la division qui existe dans notre cœur ; cela divise les uns des autres. Nous ne sommes pas capables de résoudre ce dilemme, mais la parole de Dieu nous donne l’instrument pour le faire : l’amour du Christ pendu sur la croix. En acceptant son sacrifice et sa sagesse et en le suivant dans notre vie, nous édifierons l’unité parmi nous et trouverons comment la sauvegarder de tous les dangers qui la menacent.

Senlis, église des Saints Borys et Hlib, le 18 juillet 2021