Homélie de Mgr Lonchyna pour le 34ème Dimanche après la Pentecôte, le Fils Prodigue

1 Co 6, 12-20 ; Lc15, 11-32

Le 15ème chapitre de l’Évangile de Luc contient la parabole du fils prodigue qui nous donne une profonde leçon sur notre situation de pécheur et l’attitude de Dieu envers nous malgré notre perdition. En nous préparant au Grand Carême nous sommes encouragés
(1) à méditer sur notre situation devant Dieu et
(2) à reconnaître comment le Seigneur nous traite.

I –
La parabole parle d’un jeune homme qui consciemment veut se dégager de sa famille et de son passé et commencer une vie libérée de toutes contraintes. Cela n’est pas surprenant : aujourd’hui beaucoup de gens recherchent une telle liberté. Ce qui est étonnant, c’est le fait que le père lui donne son consentement ! Nous aurions probablement rejeté un tel fils et refusé d’avoir aucun contact avec lui. Son péché est vraiment scandaleux, comme s’il avait dit à son père : j’attends ta mort.

Mais, chers amis, le fils prodigue – c’est moi, c’est vous, c’est nous tous. Nous vivons souvent comme si Dieu n’existait pas, comme s’il était superflu, quelqu’un non relié à notre vie. Quelques exemples peuvent nous aider à comprendre cette attitude.

L’Église nous encourage à offrir nos souffrances à Dieu, à jeûner en signe de notre foi. On entend parfois : « Tout m’est permis » (1 Co 6, 12) – comme les Corinthiens ont dit à Paul. Il a répondu : « Mais moi, je ne permettrai à rien de me dominer. Les aliments sont pour le ventre, et le ventre pour les aliments ; or Dieu fera disparaître et ceux-ci et celui-là » (v. 12-13). Il est important de ne pas dissiper nos propres biens, mais de les utiliser sagement en ne permettant pas que les choses nous dominent. C’est le but du carême et c’est ce que le fils prodigue a négligé.

Quelqu’un considère la Liturgie du dimanche comme optionnelle : « j’y vais quand cela me chante ». Mais Paul nous rappelle ce que Jésus a dit à propos de la Sainte Eucharistie : « Faites cela en mémoire de moi. » (11, 24). Il ajoute : « Vous avez été achetés à grand prix. Rendez donc gloire à Dieu dans votre corps. » (6, 20). En désobéissant à ce commandement, nous méprisons le sacrifice que Jésus a fait pour nous sauver.

On entend dire souvent cette phrase : mon corps est à moi. Mais Saint Paul dit : « Le corps n’est pas pour la débauche, il est pour le Seigneur, et le Seigneur est pour le corps … Votre corps est un sanctuaire de l’Esprit Saint, lui qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu ; vous ne vous appartenez plus à vous-mêmes » (6, 13.19). C’est la parole de Dieu qui nous l’enseigne ; toutefois, si nous ne l’acceptons pas, nous sommes comme le fils prodigue.

II-
Comment Dieu réagit-il à tout cela ? Le père dans la parabole attend le retour de son fils aimé. (Nous dirions « vil, répugnant, méprisable ».) Il lui restitue sa dignité. (Nous lui aurions ordonné de faire pénitence, même la restitution des biens, pour nous donner la preuve qu’il a changé.) Le père se réjouit que son fils « que voilà, était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé ! » (Lc 15, 32). (Nous serions mécontents comme le fils ainé et aurions refusé de festoyer.)

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Voilà, chers sœurs et frères, le grand amour que Dieu a pour nous. Il n’est pas compréhensible. Il est entièrement différent de notre amour, notre attitude, même de nos pensées. Toutefois c’est l’évangile que nous pouvons accepter en la croyant, ou rejeter en tenant nos cœurs fermés. Il faut décider.

La parole de Dieu nous exhorte à croire.

Paris, cathédrale Saint Volodymyr le Grand, le 28 février 2021