Homélie de Mgr Hlib pour le dimanche de Thomas

Vincennes, le 26 avril 2020

Nous sommes habitués à nommer l’apôtre qui est au centre du récit évangélique de ce dimanche « Thomas le sceptique ». Et pour une bonne raison ! Tous les apôtres de Jésus – il y en reste seulement onze depuis le suicide de Judas – tous ont vu le Christ ressuscité le soir de Pâques il y a une semaine. Mais Thomas a refusé d’y croire, en déclarant : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirais pas ! » (Jn 20,25).

Eh bien, pouvons-nous vraiment l’accuser de mauvaise foi ? Regardons un peu plus profondément. Quand Jésus n’a pas écouté le conseil des disciples de ne pas retourner en Judée à cause du danger de la part des Juifs, Thomas s’est écrié : « Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui ! » (11,16). Et le fait qu’il s’est exclamé « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (20,28) en voyant enfin le Christ ressuscité, signifie que cet apôtre a réfléchi intérieurement au mystère du Christ auparavant, car son exclamation est la plus profonde profession de foi qu’il y ait dans la Bible, et cela ne se trouve pas par hasard. Cela vient du profond de l’âme.

Mais réfléchissons un moment sur le phénomène du doute. En faisant remarquer à ses compagnons qu’il ne croirait pas, Thomas a parlé, en vérité, de bonne foi : il était sincère et véridique. Il avait des difficultés d’y croire et il ne l’a pas caché. Mais… il a été ouvert à découvrir la vérité. Thomas n’est pas resté seul avec son doute. Il a cherché la compréhension dans la profondeur de son cœur et il a fait la seule chose qui pouvait dissiper sa perplexité : il est allé chez les apôtres pour voir lui-même ce dont il s’agissait. 

Nous aussi, chers sœurs et frères, avons parfois des doutes dans nos vies. On se demande : si je suis sur le chemin juste, si ma foi m’aide à croître, si Jésus est vraiment ressuscité, même si Dieu existe ! 

N’ayons pas peur de ces questions ! Jésus-même a eu ses doutes, étant un homme faible et « à notre ressemblance, excepté le péché » (He 4,15). Il a peut-être douté de savoir s’il aurait la force de subir la passion, et même, si son Père ne l’avait pas abandonné.

Mais Jésus a cherché le soulagement juste en Dieu, dans la prière, dans sa confiance en Dieu, dans la persévérance.

La voie que nous devons prendre dans nos expériences de doutes, d’incertitude, des difficultés de compréhension est de toujours chercher. Ne pas se fermer ni permettre aux doutes de nous conduire dans de fausses directions ou, pire encore, de perdre la foi. Le doute n’est pas un péché, mais persister dans le doute, sans essayer de trouver la vérité, cela est, oui, un péché. 

En outre, il faut rechercher les réponses à nos doutes dans les endroits justes : tout d’abord, dans la prière, mais aussi dans la Parole de Dieu, les Écritures Saintes ; ensuite il y a beaucoup de lecture desquelles nous pouvons profiter ; n’oublions pas la possibilité de demander à quelqu’un qui peut nous aider : notre prêtre, un groupe de lectio divina ou autres personnes.

Si nous cherchons, ayons confiance que nous trouverons. C’est le Seigneur qui nous l’a assuré : « Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira » (Mt 7,7). Si la réponse nous ne l’avons pas encore trouvée, c’est seulement une question de temps : soyons patients. Au contraire, qui ne cherche pas, ne trouvera jamais.

Cherchons donc, comme le faisait Thomas le sceptique. Mais ne nous fermons pas avant de pouvoir constater que Jésus le ressuscité est vraiment « Mon Seigneur et mon Dieu ! »

Le Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité !