Homélie de Mgr HLIB pour le 30ème Dimanche après la Pentecôte

Évangile selon Luc 18, 18-27

Durant sa vie Jésus a souvent averti les hommes des dangers de la richesse. « Comme il est difficile à ceux qui possèdent des richesses de pénétrer dans le royaume de Dieu ! » (Lc 18, 24). Déjà l’Ancien testament nous met en garde : « Qui se fie à sa richesse tombera » (Proverbes 11, 28). Mais nous tous cherchons à être riches : nous recevons un salaire, nous mettons de côté des économies pour le futur, nous cherchons à vivre confortablement… Alors, pourquoi Jésus nous déconseille-t-il de posséder des richesses ?

En effet, le problème n’est pas dans la richesse, ni dans nos efforts à devenir riche. La difficulté réside dans notre attitude envers nos possessions et dans l’usage que nous en faisons.

« Au Seigneur, le monde et sa richesse, la terre et tous ses habitants ! » (Ps 23 [24], 1). Le psalmiste nous rappelle que tout dans le monde est don de Dieu. « Tout est grâce » – disait Sainte Thérèse de Lisieux. Ceci veut dire aussi que tout ce que nous possédons n’est pas nôtre, mais un don, même les choses que nous avons gagnées par notre travail. Comment comprendre cela ?

Nous ne nous sommes pas créés nous-mêmes, mais nous avons tout reçu de la main de Dieu. Même si quelqu’un est né dans le bonheur, cela ne veut pas dire que tout est à lui. S’il était né dans la pauvreté, sa vie aurait été complètement différente. L’état de chacun l’oblige à vivre avec responsabilité et utiliser ses possessions raisonnablement. Nous pouvons vivre commodément, mais il faut aussi aider les autres à pouvoir vivre dignement.

Si on manque de la conviction que tout est don de Dieu, on cherchera à conserver ses possessions pour soi-même et à les faire prospérer. En outre, on ne sentira pas le devoir de partager ses richesses avec ceux qui ne possèdent rien. Finalement, on développera une attitude exagérée de confiance en soi qui pourrait nous faire imaginer que nous pouvons tout faire seul, que nous sommes au-dessus des lois, que nous n’avons  aucunes restrictions dans la vie. Nous tous connaissons des histoires de personnes riches qui sont tombées dans l’alcool, se sont droguées, voire même ont  commis des crimes… Voici les raisons pour lesquelles Jésus nous met en garde contre les richesses.

En revanche, que peut-on faire avec ses possessions ?

L’histoire du monde est pleine de récits de personnes riches qui se sont adonnées à la bienfaisance et se sont occupées des affamés, des pauvres, des abusés. Le monde est plein d’indigents. Saint Paul a parfaitement expliqué l’attitude chrétienne envers les possessions : « Il ne s’agit pas de vous mettre dans la gêne en soulageant les autres, il s’agit d’égalité. Dans la circonstance présente, ce que vous avez en abondance comblera leurs besoins, afin que, réciproquement, ce qu’ils ont en abondance puisse combler vos besoins, et cela fera l’égalité, comme dit l’Écriture à propos de la manne : “Celui qui en avait ramassé beaucoup n’eut rien de trop, celui qui en avait ramassé peu ne manqua de rien” » (2 Corinthiens 8, 13-15). Et Saint Jean Chrysostome dit qu’il n’a pas de riches ni de pauvres ; il y a seulement ceux, à qui le Seigneur a donné des biens pour les partager, et ceux qui en ont besoin.

Chers sœurs et frères, voilà la voie chrétienne : prendre soin les uns des autres, car nous tous sommes les filles et les fils bien-aimés de Dieu le Père dans son Fils unique par la grâce du Saint Esprit.

Paris, cathédrale Saint-Volodymyr-le-Grand, le 31 janvier 2021