Homélie de Mgr Hlib Lonchyna pour le dimanche de l’homme aveugle de naissance (6ème dimanche de Pâques)

Ac 16,16-34 ; Jn 9,1-38

Quand on cherche à faire du bien, il n’est pas étonnant que les hommes interprètent parfois nos actes de manière contradictoire. C’était également le cas dans la vie de Jésus qui a déclaré : « Jean Baptiste est venu, en effet ; il ne mange pas, il ne boit pas, et l’on dit : “C’est un possédé !” Le Fils de l’homme est venu ; il mange et il boit, et l’on dit : “Voilà un glouton et un ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs” » (Mt 11,17). La même chose arrive aussi dans notre vie à nous. Nous disons une chose : certains l’interprètent positivement ; en revanche, d’autres nous jugent mal.

La parole de Dieu d’aujourd’hui nous présente des cas semblables : Paul a libéré une jeune fille de la possession du diable et pour cela, il a été maltraité et emprisonné ; de même, Jésus a guéri un homme aveugle de naissance et cela a également produit des réactions négatives.

À Philippes, Paul a rencontré « une jeune servante qui était possédée par un esprit de divination » (Ac 16,16). Il l’a ensuite libérée de l’esprit du mal mais, en même temps, a provoqué la colère de ses maîtres qui voyaient « s’en aller l’espoir de leurs bénéfices » (v. 19). Les maîtres ont conduit les apôtres devant les autorités pour les emprisonner. Paul a accompli une action de charité pour cette pauvre âme ; les maîtres ont regardé seulement leur intérêt égoïste. Par conséquent, Paul a dû subir des humiliations et l’incarcération. Un seul fait, mais deux interprétations.

L’homme aveugle de naissance a reçu de Jésus l’énorme don de la vue. C’est un miracle si grand qu’il aurait dû causer beaucoup de joie et de célébration. Pourtant, il a suscité le mépris et l’hostilité des autorités religieuses du temple. Un seul fait, mais deux réponses.

Que faut-il faire quand nous faisons ou disons du bien, et que les gens le prennent mal ? Comment devons-nous réagir ?

En premier lieu, souvenons-nous que c’est une situation très humaine et il ne faut pas s’en étonner. Il n’est pas possible de satisfaire tout le monde. En outre, il est utile de chercher à s’expliquer – s’il y a des personnes de bonne volonté qui veulent comprendre et non pas seulement critiquer ou – pire encore – nous mépriser. Enfin, il est important de nous interroger constamment, en nous demandant de réviser notre raisonnement et de purifier notre motivation. Quand notre conscience est tranquille et limpide, nous pouvons ne pas nous inquiéter.

Chers sœurs et frères, on peut vivre des expériences d’incompréhension, de réactions surprenantes, même hostiles à cause de quelque chose que nous avons dit ou fait en toute sincérité, comme nous avons vu dans les lectures bibliques de ce dimanche. Cependant, cherchons à tout tourner vers le bien afin que les incompréhensions entre les gens puissent s’éclairer et devenir un sol fertile pour la croissance dans la foi de tous.

Paris, cathédrale Saint Volodymyr le Grand, le 6 juin 2021