Homélie de Mgr Hlib Lonchyna pour le 31ème dimanche après la Pentecôte

1 Tm 1,15-17

Les paroles de Saint Paul dans la première lettre à Timothée sonnent étrangement familières : « Le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs ; et moi, je suis le premier des pécheurs » (1,15). C’est évident, car nous répétons la même phrase dans la prière de préparation pour la communion : « Je crois, Seigneur, et je confesse que Tu es le Christ, Fils du Dieu vivant, venu en ce monde sauver les pécheurs dont je suis le premier ».

Oui, nous-mêmes disons ces mots : je suis le premier parmi les pécheurs. Mais est-ce que nous nous rendons compte de ce que signifie cette phrase ?

Peut-être que nous le récitons un peu automatiquement et ne prêtons plus vraiment attention à son sens. Cependant, il faut réfléchir aux mots de l’Écriture sainte que nous répétons.

Je suis le premier parmi les pécheurs. Ceci semble exagéré. Je suis un pécheur, oui, j’ai fait beaucoup de bêtises dans ma vie, bien sûr. Mais être le premier d’entre eux – je ne le pense pas. Il y a des meurtriers, des adultères – je ne me considère pas comme l’un d’eux. D’autres ont volé de grandes sommes d’argent ou des bijoux – je n’y ai pas touché. Quelqu’un a vendu des stupéfiants ou a fait du trafic d’organes humains – moi, non. Alors, pourquoi dois-je dire que je suis le pire parmi les pécheurs ?

Nous nous posons des questions similaires car nous nous mesurons aux hommes. Il est vrai, qu’en comparaison des autres, je ne suis pas si mal. En fait, je sens que je suis une bonne personne. Même spirituelle.

Pourtant, il y a deux problèmes avec mes raisonnements.

Tout d’abord, en m’évaluant face aux autres, assurément je les juge – ce que le Seigneur interdit expressément : « Ne jugez pas, pour ne pas être jugés » (Mt 7,1). Nous n’en avons pas le droit car nous ne connaissons pas la situation de chacun : son éducation, sa mentalité, le niveau de sa conscience. Nous devons juger les péchés, oui, mais pas les pécheurs.

La deuxième raison, encore plus importante, de pourquoi je ne dois pas me comparer aux hommes est la suivante. Il faut s’évaluer uniquement à l’aune du Seigneur. On doit prendre en considération seulement la miséricorde de Dieu. Et ici toutes les comparaisons tombent. Nous ne serons jamais à la hauteur de notre vocation d’aimer et de servir le Seigneur. C’est pour cette raison que l’on doit se considérer le premier entre les pécheurs.

Toutefois, quand nous sommes sincèrement persuadés de la vérité de cette affirmation, voilà que se produit un miracle. Notre Seigneur déverse sur nous toutes ses miséricordes ! Il ouvre pour nous les portes du ciel ! Il nous pardonne nos péchés ! Car il ne veut pas nous juger, mais nous sauver.

Chers sœurs et frères, voici « la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur » (Ef 3,18) de l’amour de Dieu pour nous ! N’hésitons plus à nous considérer les premiers parmi les pécheurs. Mais en même temps, reconnaissons les grandes grâces que nous recevons en le faisant.

Paris, cathédrale Saint Volodymyr le Grand, le 30 janvier 2022