Aujourd’hui, en cette fête de Noël, nous pouvons nous poser des questions : Pourquoi Marie a-t-elle couché son nouveau-né dans une mangeoire ? Pourquoi les mages ont-ils suivi un astre ?
Nous connaissons bien l’histoire de Noël : Marie et Joseph sont allés à Bethléem pour prendre part au recensement du peuple ordonné par l’empereur Auguste, mais en y arrivant, « il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune » (Lc 2,7). Bien que l’Évangile ne mentionne pas une grotte ou une crèche, la tradition chrétienne complète cette histoire avec ces détails pittoresques. Quelque temps plus tard, les mages sont venus d’orient en cherchant « le roi des Juifs qui vient de naître » (Mt 2,2).
Jésus a été couché dans une mangeoire car c’était le signe par lequel les bergers ont pu reconnaître l’enfant et partager la bonne nouvelle des anges : « Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire » (Lc 2,11-12). De même, les mages ont «vu son étoile à l’orient » (Mt 2,2) et l’ont suivi car c’était pour eux un signe du ciel d’un évènement extraordinaire.
Le peuple d’Israël attendait depuis longtemps la venue du Messie qui aurait dû sauver son peuple. Mais dans l’empire romain, dont la Palestine faisait partie à l’époque, on avait proclamé l’empereur Auguste comme sauveur. Il avait tous les moyens pour régner et sauver les peuples de la pauvreté et pour instaurer la paix – la pax romana. C’était le roi Hérode le Grand qui était régent d’Auguste pour la Palestine.
Dans le même temps, dans un coin inconnu du grand empire, est apparu un autre Sauveur : ce Roi des Juifs qui n’avait ni armée, ni moyens pour accomplir de grands exploits. Mais Hérode tuera les enfants de Bethléem, il fera massacrer ces Saints Innocents de sorte à annihiler ce nouveau roi-concurrent. Quelques années plus tard, les successeurs d’Auguste persécuteront les disciples de Jésus et chercheront à détruire son mouvement. Cependant, au début du 4ème siècle, Constantin, un autre successeur d’Auguste, se convertira lui-même au christianisme et l’Église de Jésus Christ se répandra sur toute la terre, non pas par la force du pouvoir, mais par l’amour, l’humilité et la miséricorde. Ce sont les bergers et les mages qui se sont approchés les premiers de la crèche et qui, les premiers, ont pu reconnaître dans le nouveau-né le vrai Sauveur, le Roi des Juifs et le Roi du monde.
Chers sœurs et frères, reconnaissons, nous aussi, dans l’enfant né à Bethléem il y a deux mille ans le Sauveur du monde et le Fils de Dieu, l’image du Père, qui nous envoie le Saint Esprit pour faire de nous les enfants bien-aimés de Dieu. C’est grâce à Jésus que nous pouvons crier au Seigneur « “Abba !”, c’est-à-dire : Père » (Gal 4,6) comme nous dit Saint Paul. Car tel est le sens véritable de Noël. En vous souhaitant de joyeuses fêtes et une bonne nouvelle année, à vous, à vos familles et à toutes les personnes de bonne volonté, je prie le Fils de Dieu, né afin que nous puissions être « adoptés comme fils » (v. 5), de nous conférer la paix en ce nouvel an, d’augmenter en nous la foi, et de nous donner le salut.
Vincennes, paroisse de Tous les Saints, le 25 décembre 2021
Senlis, église des Saints Borys et Hlib, le 26 décembre 2021
Bayeux, monastère des Bénédictines, le 2 janvier 2022
Paris, cathédrale Saint Volodymyr le Grand, le 7 janvier 2022