Homélie de Mgr Lonchyna pour la Présentation au temple de Notre Seigneur Jésus

Luc 2,22-40

A la fête de la Présentation au temple de notre Seigneur, notre Église rend hommage aux personnes consacrés à Dieu, en ce jour, où Marie et Joseph ont dédié Jésus au Seigneur. 

Je voudrais ici saluer toutes les personnes consacrées de notre éparchie : nos Sœurs Servantes de Marie Immaculée à Paris, Lourdes et Bruxelles, ainsi que nos Pères Rédemptoristes à Bruxelles, et je souhaite qu’à l’exemple de la consécration de Jésus-Christ au temple, elles se reconnaissent dans cette image et servent joyeusement le Seigneur.

« Stritennia » signifie rencontre. Il s’agit de la rencontre de notre Seigneur Jésus-Christ avec son peuple en la personne de Syméon, « homme juste et religieux » et de la femme prophète Anna. Mais pour comprendre cette fête, nous devons d’abord (1) regarder la raison pour laquelle l’enfant a été amené au temple du Seigneur et présenté au Seigneur ;  puis (2) trouver la signification profonde de cette fête.
Enfin, (3) se demander en quoi la fête d’aujourd’hui peut-elle nous aider lorsque nous cherchons le Seigneur et voulons le rencontrer ?

I.-
Comme nous l’avons entendu dans les Évangiles, les parents de Jésus ont amené leur enfant pour accomplir ce que la Loi du Seigneur prescrivait : tout premier-né d’une famille d’Israël devra être consacré au Seigneur, afin de commémorer ce qui s’est passé dans l’histoire du salut.

Lorsque le Seigneur voulut délivrer les Israéliens de la servitude égyptienne et que Pharaon ne les laissa pas sortir du pays, Dieu envoya dix plaies sur l’Égypte. La dernière fut ainsi : un ange du Seigneur vint et tua tout premier-né au pays d’Égypte, depuis les hommes jusqu’au bétail. Les Israéliens, cependant, reçurent l’ordre à l’avance d’oindre les deux montants et le linteau de leur maison  avec le sang de l’agneau sacrificiel, afin que l’ange du Seigneur, voyant le sang, passe près de leurs maisons et ne touche pas les premier-nés d’Israël.

Par gratitude pour ce salut, chaque Israélien devait consacrer son premier-né au Seigneur. Apparemment, les parents ne laissaient pas leur enfant au temple, mais, offrant un sacrifice pour lui, le rachetaient. Il a été déterminé quel sacrifice devait être fait. C’était généralement un agneau, mais si la famille était pauvre, un couple de tourterelles ou deux petites colombes pouvaient être apportés. Les parents de Jésus, étant pauvres, ont offert le sacrifice des pauvres. Voici donc le contexte historique de la présentation de Jésus au temple en tant qu’accomplissement de la loi du Seigneur.

ІІ.-
Derrière tout cela apparait une réalité plus profonde, à savoir le retour de la gloire de Dieu au temple de Jérusalem. Dans l’Ancien Testament, c’était le lieu de la présence de Dieu lorsque la nuée est descendue sur le temple. Le prophète Ézéchiel eut la vision que la gloire de Dieu s’élevait et quittait le temple. Ce fut un grand traumatisme pour les Israéliens. Mais le Seigneur ne laisse jamais l’homme dans le péché. Il a promis par l’intermédiaire du prophète Malachie de rendre sa gloire au temple.

Chers amis en Christ, cette prophétie se réalise aujourd’hui ! La gloire de Dieu revient au temple du Seigneur en la personne de Jésus-Christ ! Le juste Syméon le savait parce qu’il avait reçu de l’Esprit Saint l’annonce qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ, le Messie du Seigneur.

Lorsque Syméon rencontra Jésus, il prononça les paroles que nous chantons le soir à Vêpres sous forme d’hymne :

« Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole.
Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples :
lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël ».

Cet hymne, cependant, n’exprime pas seulement le fait qu’il est prêt à mourir. Dans ses paroles, on peut aussi ressentir sa tristesse car il n’entendra pas les sermons de Jésus-Christ, ne verra pas ses miracles, ni sa mort sur la croix, sa résurrection, son ascension, l’envoi du Saint-Esprit, ou la présence ultérieure du Christ sur terre dans l’Église. Par conséquent, son chant peut également être compris comme une sorte de chant plein de regrets : « C’est maintenant, Seigneur, que tu laisses partir ton serviteur en paix, alors que mes yeux viennent juste de voir ton salut ? Ce n’est que le début et ils ne verront pas son accomplissement !  » Et pourtant, Syméon, plein d’obéissance, accepte en paix la volonté de Dieu.

ІІІ.-
Qu’est-ce que cela nous dit aujourd’hui ? Comment pouvons-nous y participer ? Chacun de nous rencontrera notre Seigneur Jésus-Christ face à face après la mort. Mais nous pouvons aussi le voir dans la vie présente : dans le temple, dans les prières, dans les saints sacrements, surtout lorsque nous nous confessons, participons à la communion, à la Divine Liturgie ou aux services liturgiques, lorsque nous contemplons des icônes saintes, lisons la Parole de Dieu et les méditons.

Nous devons être plus conscients, car nous oublions facilement cela sous l’influence de l’idée commune que la réalité n’est que ce que nous voyons, ce que nous pouvons toucher, et que le spirituel est irréel. Prenons donc garde, très chers en Christ, de ne pas succomber à ces tentations. Nous pouvons rencontrer le Seigneur dans chaque personne, dans chaque situation ou problème, dans chaque épreuve, dans tout ce qui se passe dans nos vies. Nous avons juste besoin d’ouvrir les yeux de notre esprit pour voir Dieu, pour croire qu’Il est présent pour notre bien, pour nous aider et être auprès de nous.

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Chers sœurs et frères, en célébrant la présentation de Jésus au temple, nous nous rappelons comment les parents de Jésus l’ont amené devant le Seigneur et l’ont racheté selon la Loi. Dans cet événement, la gloire de Dieu revient non seulement au peuple élu, mais aussi à toutes les nations du monde, et pas seulement au temple du Seigneur, mais également à nous. Soyons donc plus conscients de la possibilité de rencontrer le Seigneur dans toutes nos situations de vie et de l’adorer « en esprit et en vérité » (Jn 4, 23). Si nous le rencontrons ici-bas, alors nous le rencontrerons également face à face dans l’éternité.

Vincennes, Chapelle des Saints Princes Martyrs Borys et Hlib de la Maison éparchiale, 2 février 2021
Lyon, église Saint-Athanase le Grand, 14 février 2021
Paris, cathédrale Saint-Volodymyr le Grand de Paris, 15 février 2021