Homélie de Mgr Hlib pour la Fête des Saints Pierre et Paul

Mt 16,13-19 ; 2 Co 11,21–12,9

Ce dimanche nous fêtons les Saints Apôtres Pierre et Paul. Les lectures d’aujourd’hui donnent la parole à chacun d’eux.

Notre Seigneur pose une question provocante aux disciples : « Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? » (Mt 16,13). Après les diverses opinions des apôtres, seul Pierre donne la bonne réponse : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » (v.16). Pierre reconnait Jésus comme le Messie, Fils de Dieu, Sauveur du monde. C’est une révélation qu’il n’a pas pu avoir sans l’illumination d’en haut. « Heureux es-tu, Simon fils de Jonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux » (v.17).

Quelle différence entre cet échange et celui près du feu : « Je ne connais pas cet homme » (26,72.74).

Jésus connait bien Pierre et sait ce qu’il fera dans quelques mois. Malgré cela il lui dit : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église » (16,18). De quoi s’agit-il ? « Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux » (v.19).

Jésus révèle deux choses qui sont fondamentales pour comprendre la nature de l’Église. Elle révèle le vrai visage de Dieu qui est amour et cet amour se réalise par la rémission des péchés. Tout cela se réalise par l’intermédiaire des hommes qui sont saints et pécheurs en même temps.

C’est exactement la leçon que Paul nous donne dans la lecture de l’épitre : Dieu agit par la fragilité humaine. En effet, l’apôtre a eu des révélations extraordinaires du mystère de Dieu – à tel point qu’il ne pouvait pas bien les expliquer (voir 2 Co 12,1-6). En même temps, il raconte ses expériences de persécution, de fatigues, de l’emprisonnement, des menaces de mort (voir 11,21-33), et enfin il admet : « j’ai reçu dans ma chair une écharde, un envoyé de Satan qui est là pour me gifler, pour empêcher que je me surestime » (12,7). Et dans toutes ces difficultés le Seigneur le rassure : « Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse » (v.9).

Chers sœurs et frères, c’est le secret de l’Église et le secret de notre vie. Nous aussi sommes parfois face à des difficultés dont nous ne trouvons ni la solution ni la force de les vaincre. Cependant il faut toujours se souvenir des exemples des apôtres Pierre et Paul. Pierre a nié connaitre le Seigneur, Paul a souffert des contretemps spectaculaires. Les deux ont admis être faibles et pécheurs. Mais en même temps ils ont eu l’humilité et une grande confiance dans l’amour et la puissance de Dieu qui opère par les faiblesses de l’homme pour nous révéler que c’est le Seigneur qui gouverne notre vie, c’est le Seigneur qui utilise nos pauvres forces pour donner le pardon des péchés à qui l’accepte en humilité. Tout cela est pour la gloire de Dieu.

Élevons donc nos cœurs vers le Seigneur dans l’espoir et la gratitude pour le si grand amour qu’il nous manifeste par les vies des Saints Apôtres Pierre et Paul. Qu’ils prient pour nous et nous aident à servir Dieu avec confiance.

Paris, cathédrale de Saint Volodymyr le Grand, le 12 juillet 2020