Homélie de Mgr Hlib Lonchyna pour le 7ème dimanche après la Pentecôte

Rm 15,1-7

Si nous voulons comprendre la différence entre notre foi et l’esprit du monde, il suffit de se rappeler du premier verset de la lecture d’aujourd’hui de la lettre de Saint-Paul aux Romains : « Nous les forts, nous devons porter la fragilité des faibles, et non pas faire ce qui nous plaît » (15,1).

« Faire ce qui nous plaît ». N’est-ce pas ce que nous propose notre civilisation ? « Mon corps est à moi », « le numéro un c’est moi », « je suis libre de faire tout et n’importe quoi, tout ce que je veux ».

Nous vivons dans un esprit de liberté, de tolérance, et nous les protégeons à tout prix.

Mais nous ne sommes jamais contents. Quelque chose nous manque. On en trouve la preuve dans notre perpétuel mécontentement. Tout ce que nous obtenons ne nous apporte pas pleine satisfaction et nous voulons toujours plus.

Pour cela Saint-Paul nous propose un objectif surprenant : ne pas chercher ce que nous plaît, mais ce dont les autres ont besoin. « Porter la fragilité des faibles » signifie sortir de notre zone de confort, chercher à partager non seulement notre surplus, mais donner même ce dont nous avons besoin.

Cela nous fait peur. Nous craignons de perdre une partie de nous-mêmes.

Mais, en revanche, nous trouverons une surprise. La joie que nous recevrons en partageant nos possessions ou nos talents sera plus grande de ce que nous aurions obtenu en satisfaisant nos besoins !

C’est ce que Jésus nous a promis : « Votre joie, personne ne vous l’enlèvera » (Jn 16,22). L’apôtre l’a exprimé en ces paroles : « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Ac 20,35). C’est la loi de l’effet inverse : plus on obtient, plus on en veut – et on n’est jamais satisfait ; plus on se donne, plus on reçoit de joie – spécialement si la personne ne peut pas nous remercier !

Chers amis, la loi de l’effet inverse n’est pas seulement l’essence du christianisme, mais aussi l’essence de l’humanisme. On devient pleinement mûr quand on ne cherche pas son propre plaisir mais celui des autres. Tout dépend de notre attitude et de notre volonté. Dans la tristesse et malgré les préoccupations, ouvrons nos yeux et choisissons la joie évangélique qui vient en portant la fragilité des faibles.

Vincennes, paroisse de Tous les Saints, le 11 juillet 2021