Si nous savons pas comment nous aimer et prendre soin les uns des autres, nous ne pourrons créer ni une famille, ni une communauté, ni société, ni un État – Sa Béatitude Sviatoslav – 12 août 2022

Secrétariat du Primat de l’EGCU (Église gréco-catholique ukrainienne) – Rome

Sa Béatitude Sviatoslav Shevchuk – Archevêque Majeur 

Gloire à Jésus-Christ !

Chers frères et sœurs en Christ ! 

Nous sommes le vendredi 12 août 2022. Et depuis 170 jours maintenant, le peuple ukrainien est dans une bataille inégale avec l’agresseur russe, qui est venu chez nous pour nous retirer notre droit à la vie, pour nous retirer notre droit de vivre dans notre État ukrainien libre et indépendant. Et en cela apporte la mort, la destruction, les larmes, le malheur au peuple ukrainien.

Au cours de la dernière journée et de la dernière nuit, l’ennemi a tenté de percer la défense de l’armée ukrainienne, notamment dans le Donbass, mais a subi une cuisante défaite. L’ennemi a bombardé sans pitié la région de Soumy. Beaucoup de céréales ukrainiennes a brûlé dans les champs de notre oblast de Soumy.

Mais le plus gros danger menace autour de la centrale nucléaire de Zaporizhia. Le monde entier a été choqué par les paroles d’un général russe selon lesquelles « cette terre, Zaporizhia, sera soit russe, soit se transformera en un désert radioactif ». Nous tenons à remercier l’Agence internationale de l’énergie atomique pour l’intensification des efforts visant à démilitariser cette centrale nucléaire de Zaporizhia.  Merci à tous les membres de l’organisation internationale des Nations Unies, qui se sont penchés avec attention hier sur ce problème mondial – sans exagération – « ce problème de terrorisme nucléaire ». Et ce fut un grand choc pour tout le monde que le représentant de la Russie ait admis bien qu’à contrecœur que la Russie militarise cette centrale nucléaire. Mais la Russie refuse de retirer ses troupes de cette zone. Et hier, en un seul jour, la centrale nucléaire de Zaporizhia a été bombardée 4 fois !

Des villes et des villages brûlent dans notre région de Dnipropetrovsk… il y a toujours plus de morts et de blessés.

Mais l’Ukraine tient bon. L’Ukraine se bat. L’Ukraine prie.

Je tiens à remercier le représentant du Saint Siège à l’ONU pour avoir condamné sans ambiguïté et clairement la militarisation russe de l’atome civil en Ukraine et la création d’une menace pour l’ensemble de l’Europe et du monde. Que la voix de l’Église catholique, la voix de la capitale apostolique soit la voix de la vérité dans un monde moderne  si difficile, semblable à une mer déchaînée.

Aujourd’hui, je voudrais poursuivre avec vous le fil de nos rêves d’un État ukrainien juste et libre, que nous construisons et construirons avec la victoire de l’Ukraine sur l’occupant injuste. Nous avons parlé des 4 principes de la construction d’un État prospère. Vous et moi avons déjà réfléchi à la raison pour laquelle la dignité de la personne humaine et le respect du caractère sacré de la vie humaine sont la première pierre angulaire de l’existence de toute société et de tout État.

Hier, nous avons réfléchi au principe du bien commun. Et nous avons dit que le bien commun est quelque chose que nous acquerrons ensemble. Et puis, ensemble, nous pourrons en bénéficier, non seulement nous aujourd’hui, mais aussi les générations futures.

Aujourd’hui, je veux réfléchir à la 3ème règle, base d’un édification réussie de l’État. Et c’est le principe de solidarité. Malheureusement, à l’époque communiste, cette base, ce principe a été discrédité par l’idée du « collectivisme soviétique ». Parce que quand on entendait parler de « solidarité des travailleurs », on comprenait qu’il s’agissait de vol mutuel, de solidarité ou d’unité dans la pauvreté. Et puis l’État volait les citoyens, les citoyens ont volé l’État et se sont volés les uns les autres. Mais le principe de la solidarité chrétienne est tout le contraire : c’est le principe de l’enrichissement mutuel, du soutien mutuel et de l’entraide. C’est un moyen de partager ce que j’ai avec les personnes dans le besoin qui m’entourent. De plus, c’est un principe de responsabilité mutuelle pour le bien de son prochain. Si nous savons pas comment nous aimer et prendre soin les uns des autres, nous ne pourrons créer ni une famille, ni une communauté, ni société, ni un État.

Aujourd’hui, nous vivons ce principe de solidarité d’une manière vitale de nous entraider en temps de guerre. Quand les communautés ukrainiennes du monde entier sont solidaires de leurs frères et sœurs en Ukraine et essaient d’aider de toutes les manières possibles. Quand nous ouvrons nos maisons aux nécessiteux, aux personnes déplacées. Ce faisant, nous sauvons notre prochain dans les moments les plus difficiles de sa vie.

Cette solidarité chrétienne rend humaine et juste une société, dans laquelle personne ne se sent abandonné ou rejeté : qu’il soit riche ou pauvre ; qu’il soit actif dans son travail, ses activités ou non. Est-il déjà infirme et a-t-il besoin de soins et d’aide de la part de la société ? Que ce principe devienne le secret aujourd’hui, la clé de l’unité et de la victoire des Ukrainiens dans cette guerre injuste.

Aujourd’hui, je veux surtout m’adresser aux mères qui, avec leurs enfants, se sentent si mal à l’aise avec l’appellation « personnes déplacées de force ». Quand j’ai eu l’occasion de longuement m’entretenir avec nos « immigrants », c’étaient surtout avec des femmes avec des enfants.

Chères mères, aujourd’hui je me tourne vers vous avec des mots de soutien et des prières. Notre Église et nos communautés veulent aujourd’hui vous ouvrir nos cœurs, nos paroisses et toutes nos possibilités pour vous accueillir, vous soutenir et vous aider à traverser ce moment difficile de votre vie.

Aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin de pouvoir prendre soin des personnes qui se trouvent dans une situation difficile. Mais j’ai une demande spéciale pour vous, les mères. Prenez soin de l’éducation chrétienne et patriotique de vos enfants. Apprenez leur la langue ukrainienne. Apprenez à vos enfants la véritable histoire de l’Ukraine, histoire de souffrance et de lutte de notre peuple. Prenez soin de l’éducation chrétienne de vos enfants. Car si vous ne leur donnez pas de vraies lignes directrices morales dans votre vie, alors ils vont vite dépenser tout ce que vous acquérez matériellement pour eux. Nous vous enveloppons aujourd’hui d’attention et d’amour et nous vous demandons d’être des citoyennes actives de notre patrie et responsables de l’avenir de vos enfants et de notre patrie. Cherchez du travail. Impliquez-vous dans la vie active des communautés locales, et soyez sûrs que nous tous, où que vous soyez, nous ferons tout pour vous aider en cela. Parce qu’un travail décent, conforme à vos talents, à votre métier, est l’une des manières d’exprimer le respect de votre patrie pour vous, votre compétence, votre dignité et votre don de maternité. Et avec vous, nous prions pour vos maris, qui sont peut-être loin de vous aujourd’hui, mais qui ont besoin que l’on se souvienne d’eux, de notre attention, de nos prières et de notre soutien.

Ô Dieu, bénis l’Ukraine ! Ô Dieu, bénis les enfants de l’Ukraine. Ô Dieu, bénis les millions d’Ukrainiens qui ont été forcés de quitter leur foyer au cours de ces mois. Bénis notre peuple de Donetsk, car l’évacuation obligatoire de la région de Donetsk est en cours. Ô Dieu, bénis l’armée ukrainienne et accorde à l’Ukraine Ta paix divine et juste !

Que la bénédiction du Seigneur soit sur vous avec Sa grâce et Son amour pour l’humanité pour toujours et à jamais. Amen

Gloire à Notre Seigneur Jésus-Christ !

+ Sviatoslav