Secrétariat du Primat de l’EGCU (Église gréco-catholique ukrainienne) – Rome
Sa Béatitude Sviatoslav Shevchuk – Archevêque Majeur
Gloire à Jésus-Christ !
Chers frères et sœurs en Christ !
Aujourd’hui, nous sommes le dimanche 6 novembre 2022. Et en Ukraine, c’est déjà le 256ème jour de cette terrifiante et sanglante guerre.
De violents combats se poursuivent sur toute la ligne de front. Selon les rapports de ce matin, l’ennemi essaie d’attaquer dans quatre directions : dans les régions de Kharkiv, Louhansk, Donetsk, et celle de Zaporizhia. Et sans relâche il détruit l’infrastructure critique de nos villes et villages. Hier, tout le monde a été bouleversé par la déclaration du maire de Kyiv – Mr Vitalii Klitschko, selon laquelle la ville se prépare à un black-out complet. Le maire a appelé les habitants à préparer des vêtements chauds, des provisions en eau, car c’est vraiment une période très difficile de l’année et de l’histoire de la ville de Kyiv qui commence.
Ces dernières vingt-quatre heures, l’ennemi a détruit l’infrastructure de 35 villes. Les civils ont de nouveau souffert. Cette nuit, une attaque massive a été menée sur la ville de Zaporizhia. Un grand incendie s’est déclaré. Il y a encore eu beaucoup de morts et de blessés.
Mais l’Ukraine tient bon ! L’Ukraine se bat ! L’Ukraine prie ! Et en ce dimanche, jour du Seigneur, nous nous dépêchons tous vers la Divine Liturgie pour devenir participants du corps et du sang de notre Seigneur – la source de notre résilience, de notre courage, de notre sagesse et de notre indomptabilité.
Aujourd’hui, je souhaite également poursuivre avec vous nos réflexions sur la manière de panser les plaies de l’Ukraine. Comment panser les blessures du peuple ukrainien. Comme nous le disions hier d’un médecin courageux et sage, quand il voit une maladie, il voit un malade. Quand il voit une blessure, il sympathise d’abord avec la personne blessée. Il en va de même pour notre Seigneur Dieu. Il ne voit pas notre péché, notre colère, mais il voit son enfant qui est blessé, son enfant qui est captif du péché, captif de la mort. Et avec ce regard qui guérit, qui soigne, qui libère, le Seigneur Dieu touche la blessure de l’homme. Et Il lui permet de participer à la mission même de guérison de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, d’être participant à cette action de guérison que le Seigneur accomplit dans le corps de notre peuple aujourd’hui.
De plus, un médecin avisé comprend toujours que pour guérir une maladie ou une blessure, il faut d’abord en comprendre les causes. Parce que s’il ne comprend pas la cause de la maladie, il ne peut pas la combattre jusqu’au bout. Parfois, la médecine utilise la thérapie dite symptomatique, c’est-à-dire celle qui élimine certains symptômes, manifestations de cette maladie. Mais lorsqu’il est impossible d’atteindre le cœur de ce mal, lorsque cette maladie, cet agent pathogène ou tout autre mal commence à blesser une personne, continue à causer cette maladie, c’est que cette maladie peut être incurable. Mais quand on connaît la cause, quand on peut lutter contre la cause et non contre les effets, alors on réussit à soigner la maladie. Lorsque nous comprenons que cette raison ne fait plus de mal à la personne, alors nous sommes déjà sur la voie de la guérison de cette blessure.
Aujourd’hui, nous demandons au Seigneur Dieu d’arrêter la main meurtrière de l’agresseur, car tant que l’occupant russe continuera à tuer, à détruire des villes et des villages, à détruire l’Ukraine, nous ne pourrons qu’éliminer les conséquences de crimes. Par conséquent, aujourd’hui, tout d’abord, en ce dimanche, nous demandons au Seigneur Dieu de détruire le mal lui-même par la puissance de la grâce du Saint-Esprit, de détruire le diable et ses serviteurs qui asservissent, détruisent et blessent le corps de l’Ukraine. Nous demandons au Seigneur Dieu, ainsi qu’au monde civilisé tout entier, d’arrêter la main meurtrière de l’agresseur. Et puis avec l’aide de Dieu, la puissance de la grâce du Saint-Esprit, les saints Mystères de l’Église et l’art médical, nous guérirons et cicatriserons les blessures.
En ce jour où nous nous tiendrons à la liturgie devant la face de Dieu, souvenons-nous de nos travailleurs médicaux qui sauvent des vies non seulement dans les hôpitaux et les cliniques, mais qui sont là où les combats se déroulent aujourd’hui. Au prix de leur vie, sous les balles et les obus, ils mènent des opérations sur le terrain, sauvent nos défenseurs, militaires et civils. Nos ambulanciers, qui prodiguent les premiers soins sur le champ de bataille puis emmènent les blessés en lieu sûr, subissent souvent eux-mêmes les tirs ennemis. Pour nous chrétiens, la vie de chaque personne, de chaque soldat, de chaque civil n’a pas de prix. Parce que le don de la vie, c’est Dieu lui-même. Les médecins travaillent avec tout leur dévouement pour sauver la vie terrestre. Et nous devrions tous nous souvenir de leur travail et de leurs sacrifices et les soutenir de toutes les manières possibles.
Aujourd’hui, nous demandons : Seigneur, élimine la cause même de notre souffrance et de notre douleur. Ô Dieu, par la puissance de la grâce du Saint-Esprit, vainc la guerre elle-même et ceux qui la portent et la causent ! Ô Dieu, que la paix règne sur notre terre ukrainienne ! Donne-nous le temps de panser ces blessures.
Que le métropolite Andrey Sheptytsky nous parle aujourd’hui de la paix juste, car s’il n’y a pas de paix, nous éliminerons seulement les conséquences de l’agression militaire. Nous combattrons constamment une crise humanitaire, voire une catastrophe.
Lorsque la paix viendra, alors nous pourrons vraiment guérir nos blessures et être un peuple guéri par Dieu.
Le métropolite nous dit : « chacun comprend qu’une paix qui ne tiendrait pas compte des besoins des peuples et dans laquelle les peuples se considéreraient comme offensés et le seraient en réalité, ne serait pas une paix. Elle serait plutôt à l’origine de nouvelles complications et de haines mutuelles, toujours plus graves, qui devraient conduire inéluctablement à de nouvelles guerres.. »
Ô Dieu, donne-nous la paix qui serait source de guérison, et non source de nouvelles guerres, calamités ou affrontements ! Ô Dieu, bénis l’Ukraine, l’armée ukrainienne, les fils et les filles de notre peuple de Ta paix juste et céleste !
Que la bénédiction du Seigneur soit sur vous avec Sa grâce et Son amour pour l’humanité pour toujours et à jamais. Amen
Gloire à Notre Seigneur Jésus-Christ !
+ Sviatoslav