Prions pour nos famille séparées par la guerre – Sa Béatitude Sviatoslav – 17 octobre 2022

Secrétariat du Primat de l’EGCU (Église gréco-catholique ukrainienne) – Rome

Sa Béatitude Sviatoslav Shevchuk – Archevêque Majeur 

Gloire à Jésus-Christ !

Chers frères et sœurs en Christ ! 

Nous sommes aujourd’hui le lundi 17 octobre 2022, et déjà le 236ème jour de cette guerre meurtrière et sanglante.

Encore et toujours toute la journée d’hier et cette nuit, la terre ukrainienne a tremblé et brûlé à cause de divers types d’armes russes. Selon les rapports de ce matin, l’ennemi a lancé hier 2 frappes de missiles, 26 frappes aériennes et 80 bombardements par des systèmes de lance-roquettes de différents types sur diverses villes et villages d’Ukraine. Environ 20 agglomérations dans toute l’Ukraine ont été touchées.

Ce matin, notre Kyiv dorée a tremblé. Encore une fois, le centre de Kyiv, le quartier Shevchenko, a été attaqué par des drones kamikazes russes. Les bâtiments bombardés brûlent. De même, notre Mykolaïv, une ville qui souffre depuis longtemps, a été visée par 15 drones iraniens. Certains d’entre eux ont été abattus, mais une fois de plus, de nouveaux dommages ont été causé aux infrastructures essentielles de cette ville. Notre région de Sumy a été soumise à de puissants bombardements comme jamais auparavant. Une vingtaine d’attaques à la roquette ont été menées sur les villes et villages frontaliers de cette région ukrainienne qui souffre depuis si longtemps.

Mais l’Ukraine tient bon ! L’Ukraine se bat ! L’Ukraine prie !

Je veux vous inviter à réfléchir encore aujourd’hui et souhaite attirer votre attention spirituelle sur les blessures de la famille ukrainienne. La grande calamité de la guerre a brisé les familles ukrainiennes. Nous avons déjà mentionné que la guerre a dispersé les membres de la famille dans différentes parties de l’Ukraine et du monde. La communication entre proches est réduite à un appel téléphonique ou via Internet, et souvent cette communication est complètement perdue en raison de l’occupation. Mais la famille, en tant qu’union d’unité entre un homme et une femme, a tant besoin de vivre dans cette unité ! Les cœurs séparés ont tellement envie de se retrouver !

En fait, la famille a une signification spirituelle très profonde. Parce que l’unité dans le Saint-Esprit entre un homme et une femme est une icône de l’unité entre le Christ et son Église. L’apôtre Paul nous enseigne que, tout comme le Christ a aimé l’Église et s’est donné pour elle, les maris doivent aimer leurs femmes de la même manière. Cet amour, l’amour conjugal pendant la guerre est profondément blessé. Ainsi, la famille ukrainienne, dans de nouvelles circonstances, est à nouveau à la recherche de cette plénitude, à la recherche de ce nouveau foyer, temporaire ou même permanent. Nos familles sont confrontées à une grande question douloureuse : comment tout recommencer ? Comment planter de nouvelles racines dans un nouveau pays, si l’ennemi vous a chassé de votre maison familiale ?

Je veux interpeller tous nos hommes d’État chargés de la politique sociale : faisons tout pour ne pas séparer nos familles ! Faisons tout pour que mari et femme, père et mère puissent être ensemble, en compagnie de leurs enfants. Guérissons ensemble les blessures de la famille ukrainienne, car la santé spirituelle et morale de toute la nation dépend de sa santé. Entourons nos mères, nos pères et nos enfants de toute notre attention particulière et de notre amour pour la communauté ecclésiale.

En communiquant avec nos réfugiés, en particulier dans le sud de l’Ukraine, à Odessa, j’ai entendu tant d’histoires de ces familles blessées. Une femme n’arrête pas de porter son mari dans son cœur, même lorsqu’il est loin d’elle, quelque part au front, lorsqu’elle n’a aucun lien avec lui. Elle le porte dans son cœur avec sa fidélité conjugale et son amour. De la même manière, nos soldats qui défendent notre Patrie au front portent leur famille dans leur cœur. Et cela leur donne force et courage pour défendre la vie, la liberté, l’indépendance de leur famille et de leur peuple.

Je veux particulièrement vous demander aujourd’hui de prier pour nos frères et sœurs qui se trouvent dans les territoires occupés. Parce que, malheureusement, nous avons de telles familles, où l’un des membres de la famille s’est retrouvé sous occupation parce qu’il n’a pas pu évacuer, et l’autre partie de la famille se trouve en territoire libre de l’Ukraine. Comme ils souffrent, prient et pleurent l’un après l’autre !

Aujourd’hui, nous avons appris que dans le territoire occupé de Zaporizhia, à Melitopol, littéralement dans les derniers jours, l’occupant a mobilisé de force 3 000 hommes, les forçant à se battre contre leurs familles. Nous prions pour que cette occupation temporaire de l’oblast de Kherson, de Zaporizhia, de l’oblast de Mykolaïv, de la Crimée et du Donbass prenne fin dès que possible. Pour que nos familles soient réunies.

Que le Seigneur Dieu bénisse notre terre par une vie de famille heureuse d’un homme et d’une femme avec leurs enfants ! Ô Dieu, bénis notre armée, nos filles et nos garçons qui défendent le droit de la famille ukrainienne à exister ! Ramène-les vivants à la maison ! Qu’une femme puisse à nouveau serrer dans ses bras son mari, et les enfants leur papa !

Ô Dieu, bénis notre terre ukrainienne de Ta paix juste et céleste !

Que la bénédiction du Seigneur soit sur vous avec Sa grâce et Son amour pour l’humanité pour toujours et à jamais. Amen

Gloire à Notre Seigneur Jésus-Christ !

+ Sviatoslav