Secrétariat du Primat de l’EGCU (Église gréco-catholique ukrainienne) – Rome
Sa Béatitude Sviatoslav Shevchuk – Archevêque Majeur
Gloire à Jésus-Christ !
Chers frères et sœurs en Christ !
Nous sommes aujourd’hui le samedi 12 novembre 2022, et en Ukraine, c’est déjà le 262ème jour de cette terrible guerre.
Très certainement, la journée d’hier restera dans l’histoire de l’Ukraine comme Le jour de la libération du Kherson ukrainien. Hier, les larmes aux yeux, nous avons vu comment les habitants de Kherson et de sa région ont accueilli les soldats ukrainiens avec des fleurs, avec des drapeaux ukrainiens, et surtout, avec des larmes et des rires, car ils sont enfin libres. Aujourd’hui, au nom de tout notre peuple de Dieu, je tiens à remercier les forces armées ukrainiennes d’avoir restauré la grâce de la liberté à Kherson et à toute la région de la rive droite de Mykolaïv et de la région de Kherson.
Mais hier aussi, il y a eu de violents combats sur toute la ligne de front. L’ennemi attaque sans relâche la population civile. Hier, environ 25 villes et villages d’Ukraine dans la région de Kharkiv, la région de Louhansk, la région de Donetsk, Zaporizhia, la région de Mykolaïv et même Vinnytsia ont été bombardés. Mais nous ressentons une exaltation nationale et nous disons : Ô Dieu, libère d’autres terres ukrainiennes par la puissance de la grâce de l’Esprit-Saint ! Soutiens l’armée ukrainienne dans sa marche victorieuse.
Nous remercions Dieu pour le fait que 45 soldats des forces armées ukrainiennes ont pu être libérés des prisons russes hier. Pourtant, apparemment, ils ont un long chemin devant eux pour guérir des blessures qu’ils ont reçues en captivité. Mais le Seigneur Dieu nous donne des signes clairs de Sa présence parmi nous. Des signes que l’Ukraine se rapproche imperturbablement, jour après jour, de la victoire.
Et aujourd’hui, nous pouvons à nouveau dire : l’Ukraine est debout ! L’Ukraine se bat ! L’Ukraine prie !
Je veux poursuivre avec vous nos réflexions sur la manière dont nous, en tant qu’Église, en tant que société, pouvons assumer la tâche de restaurer et de reconstruire le cœur humain. Restaurer l’intégrité de notre âme, de notre esprit et de notre corps. Et comment ensemble nous pouvons défendre cette noble cause et panser les plaies de l’Ukraine. Dans nos réflexions précédentes, nous avons évoqué l’espace et le temps dans lesquels vivent les gens, et du besoin qu’ils ont de la main thérapeutique, de la main guérisseuse de Dieu et de notre coopération. Ils ont besoin de notre présence dans cet espace à côté d’eux et du temps que nous devons consacrer à ceux qui nécessitent soins et de guérison de leurs blessures.
Mais il existe une autre dimension à l’existence humaine, une autre dimension à l’être humain, dans laquelle nous devons non seulement nous comporter correctement, mais aussi utiliser pour guérir les blessures de l’Ukraine. L’homme est une créature en constante évolution. Nous voyons qu’il n’y a pas deux jours identiques. Nous sommes en constante évolution. Si nous ne grandissons pas et ne nous développons pas dans ces changements, alors nous déclinons et nous nous dégradons. Afin de pouvoir être proches de quelqu’un qui a besoin de notre aide, de manière qualifiée, sage, urgente et opportune pour guérir ses blessures, alors, nous devons sans relâche travailler sur nous-mêmes et apprendre.
Nous savons que celui qui n’apprend pas – oublie, perd ce qu’il sait ou savait autrefois. Le Christ a dit : « Celui qui ne s’assemble pas avec moi se disperse ». Nous constatons que la science moderne, les technologies contemporaines nous donnent la possibilité de mieux comprendre la vulnérabilité d’une personne, d’un être humain. Mieux vaut bien comprendre pour agir quand il s’agit de relations humaines blessées. Chaque médecin intelligent comprend qu’il doit apprendre chaque jour. Parce que chaque jour l’humanité trouve de nouveaux types de remèdes, de nouveaux matériaux, de nouveaux moyens pour soulager la souffrance humaine et vaincre diverses maladies autrefois incurables.
Celui qui n’étudie pas, ne travaille pas sur lui-même, n’acquiert pas de connaissances, devient superficiel, indifférent. Il est trop paresseux pour aller au fond des choses. Il essaie toujours de résoudre les choses difficiles et compliquées par des moyens simples et faciles. Par conséquent, il est toujours en échec, et même dangereux. Par conséquent, il échoue toujours, et peut même être dangereux. Un médecin incompétent, tout comme un prêtre incompétent, peut faire beaucoup de mal. C’est pourquoi on dit que le commandement le plus fondamental pour un médecin, ainsi que pour un membre du clergé, est « Ne pas nuire ».
Le manque de connaissances, d’éducation, une vision trop étroite de la vie sociale et de ses processus n’empêchera pas seulement la guérison des blessures de l’Ukraine, mais pourrait même lui infliger de nouvelles blessures et provoquer de nouvelles douleurs. Il faut donc que les responsables de l’État, les leaders de l’opinion publique et même les responsables des Églises trouvent une réponse efficace à la demande du public et à la nécessité d’obtenir, de reconstituer, de développer de nouvelles connaissances dans les divers domaines humanitaires de la sagesse humaine : l’éthique, la bioéthique, les diverses disciplines humanitaires, philosophiques, théologiques.
Pour guérir les blessures, nous devons apprendre. Saint Augustin a dit : « Je crois pour comprendre et je comprends pour croire ». Par conséquent, dans notre développement, notre progrès et notre croissance, en mûrissant jusqu’à la plénitude du Christ, comme le dit l’apôtre Paul, en effet les ecclésiastiques, les médecins, tous les chrétiens sont appelés à ne ménager ni leur temps ni leurs efforts pour participer à diverses activités éducatives, pour s’engager dans une éducation personnelle afin de mieux comprendre la Parole de Dieu, l’enseignement des vérités de la Sainte Église du Christ. Travaillons sur nous-mêmes ! Que ceux qui soignent les plaies puissent le faire avec sagesse, correctement, avec compétence, et les méthodes les plus récentes.
Le corps de l’Ukraine saigne encore d’une autre blessure. Et cette blessure n’est pas nouvelle. Cette blessure, ce sont nos discordes internes, nos divisions internes. Malheureusement, la guerre entraîne également une augmentation des tensions internes en Ukraine. Une personne devient aigrie, agressive, le nombre de conflits au sein de nos communautés commence à augmenter. C’est pourquoi, je vous invite aujourd’hui à écouter les paroles de sagesse de notre juste métropolite Andriy Sheptytsky sur l’unité, l’unité du peuple et de l’Église. Il dit ceci :
« Il est clair comme le jour que la maison natale, c’est-à-dire notre patrie, notre État ne se lèvera pas s’il n’y a pas de monolithe ukrainien, tant que les Ukrainiens-indépendants ne seront pas capables d’établir la plus grande unité entre eux, en ignorant toutes les différences qui les divisent. L’Ukraine a tellement besoin de cette unité ! Et cette nécessité nous impose à tous un devoir ; et de l’accomplissement de ce devoir de construire l’unité de notre peuple, dépend l’avenir de l’Ukraine. »
Ces mots du Métropolite rappellent notre prière :
« L’unité fait la force du peuple. Ô Dieu, donne-nous l’unité ».
Ô Dieu bénis l’Ukraine ! Ô Dieu, bénis notre armée ! Guéris nos blessures ! Envoie ton Esprit Saint, qui touchera notre douleur, qui nous enseignera toute la vérité. Car Tu as dit à Tes apôtres : » J’enverrai mon Esprit sur vous, qui vous rappellera tout ce que je vous ai dit. »
Que cet Esprit de vérité soit notre maître intérieur de sagesse divine. Ô Dieu, bénis l’Ukraine de Ta paix juste et céleste !
Que la bénédiction du Seigneur soit sur vous avec Sa grâce et Son amour pour l’humanité pour toujours et à jamais. Amen
Gloire à Notre Seigneur Jésus-Christ !
+ Sviatoslav