MESSAGE de NOEL DES HIÉRARQUES de l’Église gréco-catholique ukrainienne en Europe occidentale

MESSAGE de NOEL DES HIÉRARQUES
de l’Église gréco-catholique ukrainienne
en Europe occidentale

Révérends Pères,
Frères et Sœurs religieux,
chers Frères et Sœurs dans le Christ ! 

 » Le Christ est né ! » « Glorifions-le! » 

Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle,
qui sera une grande joie pour tout le peuple :
Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur.
Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté
et couché dans une mangeoire. »
(Luc 2, 10-12)

Par les paroles de l’Ange, l’Église du Christ nous annonce à tous une grande joie : la naissance de notre Seigneur et Sauveur, naissance promise au début de l’histoire humaine (Genèse 3,15) et incarnée lorsque le temps de la promesse de Dieu s’est accompli (Galates 4, 4). La naissance du Sauveur a mis fin à la domination du diable et des forces obscures et a délivré l’humanité et l’homme de l’esclavage du péché et de la condamnation à mort. En conséquence, avec la naissance du Christ, une nouvelle joie nous est donnée, sans comparaison aucune, avec toutes les joies connues jusqu’ici dans le monde. Ce n’est pas un hasard si le chant de Noël bien connu nous dit qu’ « une joie nouvelle est survenue, inconnue jusqu’à présent ». C’est la joie du retour de l’humanité à l’union renaissante avec Dieu que nous comprenons par notre Seigneur Jésus-Christ. C’est la joie du salut et de la délivrance du péché, que le Seigneur nous donne, parce qu’il vient avec un seul but : « sauver son peuple de ses péchés » (Matthieu 1,21).

C’est pourquoi, il n’y a pas de meilleure façon de préparer la Nativité du Christ d’une manière chrétienne et de la célébrer de façon chrétienne que de laisser entrer cette joie de Dieu dans notre cœur et dans notre vie par le sacrement de la réconciliation et de la repentance.

Traditionnellement, dans nos paroisses, pour préparer Noël, les prêtres organisent des journées de renouveau spirituel, de retraite, invitant les fidèles à « venir avec assurance au trône de la grâce » (cf. Hébreux 4, 16) et avec joie « puiser les eaux aux sources du salut » (Isaïe 12, 3) dans le sacrement de la sainte confession. Nous espérons que cette année, malgré les restrictions et les normes sanitaires en vigueur, nos communautés n’ont pas manqué de ces jours et moments bénis de renouveau spirituel, et nous encourageons les fidèles à continuer à profiter de ce don du Sauveur nouveau-né afin que la paix de Dieu puisse habiter nos âmes, et nos cœurs s’emplir d’une joie céleste et angélique (cf. Luc 15, 7-10).

S’adressant aux bergers dans les champs près de Bethléem, l’Ange du Seigneur a annoncé qu’un Sauveur leur était né « aujourd’hui ». Cet « aujourd’hui » évangélique a marqué un nouveau compte à rebours de l’histoire, une nouvelle période de grâce. Cependant, puisque notre Seigneur est le Sauveur de toute l’humanité, « aujourd’hui » a une longue durée, on peut dire une signification intemporelle. Cela s’applique également à vous et à moi. Le Sauveur est né pour nous, aujourd’hui, pour sanctifier notre « présent » et pour nous racheter et nous diviniser dans ce présent.

Et notre « aujourd’hui » a si désespérément besoin du salut de Dieu ! Car il y a encore en cet aujourd’hui même une lutte entre le bien et le mal, dans laquelle, livrés à nous-mêmes, nous ne gagnerons jamais. Aujourd’hui encore, nous portons le fardeau de nos péchés, que seule la grâce du Seigneur peut purifier et vaincre. Les blessures de la guerre dans l’est de l’Ukraine saignent dans notre « aujourd’hui » ; aujourd’hui est aussi marqué par la peur du virus mortel et le chagrin des parents et amis, pour ceux qui en sont morts ! Aujourd’hui, nous sommes si souvent surpris par d’inquiétantes nouvelles, qui augmentent en nos âmes un sentiment d’insécurité, d’anxiété et de peur.

Dans cet « aujourd’hui » qui est le nôtre, nous naissons avec Vous – Christ Sauveur, venu pour que nous ayons la vie et que nous l’ayons en abondance (cf. Jean 10,10), Celui qui aujourd’hui nous tend ses mains divines depuis la crèche et nous appelle avec un amour indicible : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos (Matthieu 11,28).

Réconfortés par notre Sauveur nouveau-né et affermis par la grâce divine, nous pouvons devenir nous-mêmes porteurs de joie et d’espérance pour notre prochain, en lui rappelant les paroles du chant de nos ancêtres :

Allons, allons, mes frères, mes voisins,
Il est temps d’oublier tous nos divers malheurs.
Il est temps de mettre fin à nos tristesses et chagrins,
Nous en avons déjà assez souffert.
Aujourd’hui, laissons-nous être comblés
De joie, car le Dieu éternel nous est né !

Enfin, l’Ange du Seigneur indique le signe  par lequel les bergers trouveront le Dieu incarné : « Et ceci est un signe pour vous : vous trouverez un bébé emmailloté, couché dans une mangeoire » (Luc 2 : 12). Dans un pauvre enfant sans protection, les bergers trouvent le Sauveur du monde. Dans cet enfant, ils le rencontrent et lui rendent hommage, et les rois lui présentent leurs cadeaux. Dès lors et pour toujours, le pauvre devient le sacrement de la présence de Dieu, le lieu de rencontre des croyants avec Dieu. Ainsi, Noël nous apprend à reconnaître la présence de notre Dieu dans les personnes pauvres, marginalisées, défavorisées, souffrantes, et à nous entourer en elles et à travers elles de notre attention, respect et amour bienveillant du Dieu incarné lui-même. C’est la période de Noël, où règne une ambiance familiale joyeuse, qui nous entraîne à prêter encore plus d’attention à ceux qui manquent de chaleur humaine, d’attention et de soutien. En les entourant d’amour et de service miséricordieux, nous faisons, dans le même temps, un pas vers Dieu.

Chez nous, la coutume veut qu’à la veillée de Noël, on laisse une place vide à la table de fête, pour nous souvenir des parents et amis défunts, mais aussi en signe d’ouverture aux pauvres nécessiteux. Que cette belle coutume ne soit pas qu’un rituel ancien, mais qu’elle devienne plutôt une incitation à agir pour honorer le Christ dans le besoin, et tout particulièrement : accueillir un migrant, soutenir un nouveau venu de sa terre natale – car nous-mêmes avons récemment connu les difficultés et les pérégrinations des migrants ! – partager de la nourriture ou des vêtements avec ceux qui en ont besoin, visiter les malades ; offrir un sourire et un mot gentil à une personne en grande détresse. De cette manière, nous découvrirons de plus en plus dans nos vies la présence mystérieuse de Dieu, qui vient à nous dans cet enfant innocent et s’approche de nous en toute personne ayant besoin de notre chaleur, de notre soutien et de notre solidarité.

Chers frères et sœurs en Christ ! Nous vous adressons  tous nos vœux pour Noël et vous souhaitons d’être remplis de joie et de ressentir aujourd’hui la bénédiction de notre Seigneur sur vous, vos proches et sur tous ceux que vous portez dans vos pensées, vos cœurs et vos prières. Nous partageons le trésor de notre foi et de notre joie de Noël et de nos chants ukrainiens avec les personnes qui nous entourent. Que chacune de nos rencontres et chacun de nos échanges soient l’occasion d’expérimenter la proximité de Dieu dans notre prochain et de proclamer avec foi :
 » Le Christ est né ! Glorifions-le! »

Fait à Munich, Rome, Paris, Londres et Kyiv,
le 4 décembre 2021

+ Bohdan Dziourakh,
Exarque apostolique pour les Ukrainiens catholiques en Allemagne et Scandinavie

+ Dionisius Lachovicz,
Exarque apostolique pour les Ukrainiens en Italie

+ Hlib Lonchyna,
Administrateur apostolique de l’Éparchie Saint Volodymyr le Grand à Paris
Délégué apostolique pour la Suisse et le Benelux

+ Kenneth Nowakowsky,
Évêque de l’Éparchie de la Sainte Famille à Londres

+ Stepan Sus,
Chef du Département de la pastorale des migrants de la Curie patriarcale ÉGCU