Les aumôneries catholiques et protestantes du Centre de Détention d’Oermingen se sont réunis dans le domaine de Mackwiller

Le père Sviatoslav HORETSKYI, prêtre de l’Église gréco-catholique de rite byzantin et aumônier de prison, reçoit les aumôneries catholiques et protestantes du Centre de Détention d’Oermingen pour une réunion de rentrée dans le domaine de Mackwiller, la « petite Ukraine » chère à son fondateur le père Paul KOHUT installé ici en 1954.

Depuis trois ans le père Sviatoslav réhabilite ce lieu pour bientôt y emménager avec sa famille et continuer la remise à niveau des anciens bâtiments aux normes actuelles d’accueil de personnes.

Les aumôniers, aumônier stagiaire, intervenants occasionnels et le responsable régional, François SCHIELE, ont pu, pendant cette journée, prier dans la chapelle gréco-catholique du foyer ukrainien, participer à un office célébré par le Père Sviatoslav et chanté par son épouse Justine.

À la mi-journée, dans le parc attenant, un déjeuner barbecue a rassemblé famille et convives.

La réunion de travail a donné à chacune et chacun, après la prière du matin et dans l’après-midi, l’occasion de présenter au groupe un témoignage précis et concis sur le thème de son choix, sur un vécu marquant dans son service d’aumônerie.

Sont évoqués différentes situations, expériences, ou réflexions.

Ainsi l’expérience des partages en groupe à propos d’une image qui suscite commentaires et questions ou les réactions autour d’un mot comme « victime », la place de la prière… pour aider à se relever, sous le regard miséricordieux de Dieu et se préparer à sa sortie avec le choix d’une vie meilleure. Certains de ces grains semés pourront prendre racines et pousser (Mc 4,8.20).

Oui, parfois ils trouvent un terrain favorable comme ces morceaux de feuilles d’éphéméride de la Parole de Dieu, utilisées comme emballage de tabac pour des yoyos d’une cellule à l’autre. L’arrivée du tabac, c’est aussi ces bouts de papier avec des passages de la Bible… et puis un jour leur lecture. Cette découverte de la Parole par fragments a fait cheminer la personne vers Dieu et à sa sortie vers une communauté croyante et pratiquante.

Ce qui a marqué celui qui vient pour la première fois au sein de la détention, c’est cette confiance accordée d’emblée par les personnes détenues rencontrées. Sentiment faisant penser à la Samaritaine qui après sa « prise de contact » avec Jésus au puits de Jacob lui manifeste une  confiance totale (Jn 4,15). Cette confiance nous met face à nos responsabilités envers ceux que nous rencontrons.

L’expérience depuis des années en aumônerie fait redire la nécessité de travailler ensemble, en équipe. Ce travail doit se faire en confiance, dans le respect mutuel et le respect de ce qui est décidé, dans une forme d’obéissance. Avec les personnes détenues, nous formons une petite communauté, nous sommes l’Église derrière les murs. À juste titre est fait référence au père Christoff THEOBALD quand il évoque la rencontre et l’écoute de la personne détenue comme lieu de la sacramentalité de l’équipe d’aumônerie. Cette présence auprès de la personne détenue, seul et en équipe, lui témoignera de la proximité de notre Dieu d’amour.

Le père Jean-Pierre, un de nos prêtres intervenants occasionnels pour les Eucharisties, a le cri du cœur : « L’équipe m’a invité, je suis venu. » Comme les pères Albert et François, il s’est rendu disponible et est venu pour servir. Cette pastorale derrière les barreaux vécue que trop ponctuellement n’est pas sans lui poser parfois quelques interrogations.

Le père Sviatoslav met en parallèle son travail éreintant, pratiquement quotidien, d’entrepreneur et constructeur dans la solitude sur son chantier de Mackwiller et ses visites en prison avec ses rencontres en groupe ou individuelles, en particulier avec des personnes détenues slavophones. Dans un cas comme dans l’autre, il y voit une forme de retraite où la grâce de Dieu se manifeste et le rend heureux. Bonheur qu’il souhaite aux personnes rencontrées en mettant l’accent, quand les cœurs « bouillent », sur la nécessité du silence et de la sérénité pour laisser Dieu agir.

François partage avec nous ces mots de gratitude et d’espoir déposés dans la boîte aux lettres de l’aumônerie par une personne détenue et qui sont une conclusion en soi.

« C’est cool de vous avoir à mes côtés; si vous n’étiez pas là, je ne serais plus là, c’est presque sûr car la vie ne fait pas de cadeaux et ça depuis tout petit… Je veux évoluer, être là où ils ne m’attendent pas, j’ai la rage de reprendre ce qu’on m’a volé, et je l’aurai. Je vais tout faire…, je ne suis pas Gandhi, mais je ne serai pas un fou qui veut certaines choses avec violence, non, je laisserai la violence à la porte de la prison et j’avancerai avec ma croix qui représente la souffrance mais aussi l’espérance. »

Francis Rohn aumônier titulaire du CDO