Secrétariat du Primat de l’EGCU (Église gréco-catholique ukrainienne) – Rome
Sa Béatitude Sviatoslav Shevchuk – Archevêque Majeur
Mardi 17.05.2022
Le Christ est ressuscité !
Chers frères et sœurs dans le Christ
Aujourd’hui, nous sommes le mardi 17 mai 2022 et l’Ukraine connaît déjà 83 jours d’agression russe à grande échelle. Des combats violents et sanglants se sont déroulés dans l’est de l’Ukraine au cours de la nuit dernière et de la journée d’hier. Les régions de Donetsk et Louhansk sont en feu. Le « terrorisme par missiles » se poursuit et des missiles russes frappent à nouveau la région blessée de Tchernihiv. La région de Lviv a également subi la plus grande attaque à la roquette depuis le début de la guerre. De la même manière, notre région d’Odessa souffre de frappes de missiles, en particulier depuis la mer Noire.
Mais l’Ukraine est debout, l’Ukraine se bat, alors même que l’Ukraine est aujourd’hui confrontée à des circonstances difficiles. Une guerre est toujours dévastatrice, et selon les chiffres officiels des Nations Unies, si la guerre continue, neuf Ukrainiens sur dix se retrouveront au bord de la pauvreté. L’Ukraine a déjà perdu la majeure partie de son potentiel économique. Nous avons de sérieux problèmes de carburant. En fait, même le volume de l’aide humanitaire reçue a fortement chuté par rapport au début de la guerre. En conséquence, la solidarité, le soutien mutuel, les efforts pour s’entraider et soutenir ceux qui sont le plus en difficulté aujourd’hui sont la clé de la force et de la stabilité du peuple ukrainien qui lutte.
Aujourd’hui, je voudrais réfléchir avec vous à propos d’une autre œuvre de miséricorde qui est extrêmement importante, pour aider une personne à supporter des moments difficiles et à les traverser. Et cette œuvre de miséricorde pour l’âme du prochain s’appelle ainsi : « Consoler les affligés ». De toute évidence, la tristesse est le reflet d’une certaine condition humaine. La tristesse n’est pas qu’un sentiment. La tristesse montre qu’une personne ressent de la douleur, qu’elle souffre, qu’elle est en difficulté. Quand on s’intéresse à la personne qui est triste, rien que par notre attention, le temps pris à s’arrêter et notre présence auprès d’elle, on soutient cette personne. Remonter le moral d’une personne triste ne signifie pas seulement l’aider à surmonter un état émotionnel ou tomber dans une illusion. Non. Réconforter quelqu’un, c’est s’intéresser à lui. C’est même assumer un peu de ses difficultés, de ses problèmes, faire preuve d’empathie envers cette personne. Nous savons qu’en termes humains, la tristesse qui est partagée devient moins forte, elle devient un peu plus facile à supporter. Ensemble, il est toujours plus facile de vivre la tristesse et les moments difficiles de notre vie.
Mais du point de vue chrétien, réconforter signifie quelque chose de plus profond et de plus fort. Parce que le vrai Consolateur est le Saint-Esprit. C’est ainsi que nous l’appelons :
« Consolateur souverain, Esprit de vérité ». Nous savons que le vrai plaisir n’est pas seulement un oubli temporaire de l’adversité. Non. Le vrai plaisir est l’élimination de la cause du chagrin. C’est pourquoi toute une partie du livre du prophète Isaïe est appelée le livre de consolation du peuple, qui commence par ces mots : « Consolez, consolez mon peuple… car sa captivité est terminée ». Sa victoire sera une vraie joie pour l’Ukraine, le vrai moment où le Seigneur essuiera les larmes des enfants, des mères, des pères d’Ukraine. Ce sera lorsque le dernier ennemi sera expulsé de notre patrie. C’est pourquoi nous invoquons aujourd’hui le Saint-Esprit pour qu’Il nous donne la force, la force d’endurer. Que le Saint-Esprit, le Consolateur, apporte la paix à l’Ukraine. En faisant l’expérience de la présence de l’Esprit du Consolateur, la vraie joie chrétienne se révèle dans l’Unité de l’Église, la Communion de l’Église, car nous partageons, nous partageons avec tous qui nous sommes, nous partageons par l’Esprit qui repose en nous et s’unit à ceux qui pleurent et sont en deuil. Par conséquent, la Communion, la Communion de l’unique Corps de l’Église, l’unité de la grande famille des chrétiens du monde entier, est quelque chose qui peut élever nos esprits et nous réconforter dans la douleur.
Nous attendons la venue de l’Esprit Saint. Aussi l’échange mutuel, non seulement de pensées mais aussi de dons que nous partageons en tant que chrétiens dans le contexte de la communication internationale, de la communauté internationale de l’Église catholique, est inestimable pour nous aujourd’hui. En effet, nous sentons que nous ne sommes pas seuls dans notre misère, nous ne sommes pas seuls dans notre chagrin, nous ne combattons pas seuls. Derrière nous se trouve la grande Église du Christ et la grande famille des nations chrétiennes du monde entier.
Aujourd’hui, je voudrais remercier tous ceux qui expriment leur solidarité et leur soutien à notre Église et au peuple ukrainien. Pas plus tard qu’hier, nous avons reçu une lettre de solidarité de la Conférence épiscopale australienne. Les évêques d’Australie disent clairement qui est le criminel. Ils sont clairs sur le nombre d’années — de décennies et de siècles — où l’Ukraine a connu l’oppression et a été détruite par les ambitions impérialistes de son voisin du nord. Je remercie les évêques, frères et sœurs d’Australie, Mgr Mykola Bychok, évêque des Ukrainiens en Australie, qui, avec notre communauté ukrainienne, dit la vérité au monde et crée ainsi cette communion et ce soutien ecclésial plus large, nous réconfortant en Ukraine dans notre chagrin.
Je voudrais remercier particulièrement aujourd’hui la Congrégation pour les Églises orientales, qui fait partie de la Curie romaine, qui, en ces deux mois de guerre, est devenue un centre de communion, d’aide et de réconfort pour notre Église et pour l’Ukraine. Je voudrais particulièrement remercier Son Éminence le Cardinal Leonardo Sandri, qui a en effet organisé un large éventail d’assistance et de soutien pour nous tous. Monseigneur Leonardo a été le premier à m’appeler au premier jour de la guerre, alors que nous nous étions réfugiés dans l’abri anti-bombes sous la cathédrale patriarcale et m’a exprimé ses paroles de solidarité, de soutien et de consolation.
Ô Dieu, console les affligés ! Ô Dieu, sois notre seule consolation ! Ô Dieu, élimine la cause de notre chagrin et de notre deuil ! Ô Saint-Esprit, Consolateur, console ! Réconforte le peuple ukrainien et bénis ses enfants, l’armée ukrainienne et tous ceux qui combattent le mal !
Que la bénédiction du Seigneur soit sur vous par Sa grâce et Son amour de l’humanité, toujours, maintenant et à jamais, et pour les siècles des siècles. Amen.
Le Christ est ressuscité! Vraiment il est ressuscité !
+ Sviatoslav