Secrétariat du Primat de l’EGCU (Église gréco-catholique ukrainienne) – Rome

Sa Béatitude Sviatoslav Shevchuk – Archevêque Majeur 

Gloire à Jésus-Christ !

Chers frères et sœurs en Christ ! 

Nous sommes aujourd’hui le samedi 5 novembre 2022. Et en Ukraine, c’est déjà le 255ème jour de la terrifiante et sanglante guerre.

Hier encore, de violents combats ont eu lieu sur toute la ligne de front. Selon les rapports de ce matin, l’ennemi a attaqué des positions ukrainiennes dans 14 directions, en particulier à l’est de l’Ukraine : à l’est de la région de Kharkiv, la région de Donetsk, dans la région de Louhansk. Environ 20 localités ont été endommagées par des frappes de divers types d’armes russes. Notre région de Kharkiv, Zaporizhia a tremblé, la ville de Nikopol dans la région de Dnipropetrovsk a connu une nuit infernale. De plus, le sud de notre Ukraine, l’oblast de Mykolaïv et toute la zone de première ligne vivent constamment sous les attaques russes, les bombes, les missiles et autres frappes d’autres types d’armes.

Mais aujourd’hui, nous pouvons dire que notre armée ukrainienne libère pas à pas les villes et les villages de notre patrie. Et nous remercions le Seigneur Dieu et les Forces armées ukrainiennes d’avoir survécu jusqu’à ce matin, d’avoir vu le doux soleil de ce matin. Et, debout en prière devant le Seigneur, nous disons : L’Ukraine se tient debout ! L’Ukraine se bat ! L’Ukraine prie !

Nous poursuivons avec vous nos réflexions sur la guérison des blessures de guerre. Ces blessures que cette guerre cruelle inflige si profondément à notre peuple, à notre nation. Pour panser les plaies, il faut puiser dans la sagesse de nos médecins, nos aumôniers médicaux, prêtres, puiser dans la sagesse de l’Église du Christ. Et un docteur avisé nous dira qu’il n’existe pas de blessures ou de maladies par elles-mêmes. Il y a des malades et des blessés. Et le guérisseur qui s’approche d’une personne souffrante, voit d’abord la personne souffrante, puis réfléchit à comment la soulager, guérir sa maladie, comment éliminer la cause même de cette souffrance.

Et un bon et sage médecin nous dira que tout traitement, le traitement des maladies et des blessures, commence par l’écoute. Pour comprendre ce qui arrive à une personne, comment l’aider à surmonter telle ou telle maladie, un médecin avisé, s’intéresse d’abord à l’histoire de la maladie. Il demande au patient de se rappeler comment sa maladie a commencé. D’où vient-elle ? Où cela a commencé. Quels ont été les premiers symptômes et manifestations. Le médecin recueille ce qu’on appelle une anamnèse, c’est-à-dire, cette mémoire, ce souvenir. Et c’est seulement à ce moment-là, en écoutant une personne malade, qu’il pourra lui apporter une aide qualifiée de manière professionnelle, efficace et opportune.

Ainsi, l’art de l’écoute comme première et nécessaire étape pour guérir une blessure est quelque chose qui devrait être une priorité pour nous tous aujourd’hui qui voulons servir une personne souffrant de la guerre. Un médecin avisé comprend qu’il n’est pas possible de traiter un organe quelconque du corps humain, il est nécessaire de traiter la personne malade. Parce que tous les processus de la corporalité humaine, de la psyché et de la spiritualité humaine sont profondément interconnectés.

C’est pourquoi, un médecin, et en particulier un aumônier médical, est une personne à l’écoute. Une personne qui a du temps. Une personne qui écoute pas uniquement pour écouter, mais pour comprendre et, parfois, lorsqu’une personne parle de sa douleur, de son anxiété, de son plus grand rêve, déjà en parlant, elle est déjà en train de guérir. Mais un bon prêtre ou un médecin professionnel devrait parfois aider cette personne à parler, peut-être, de quelque chose dont elle ne voudrait plus se souvenir, ou ce dont elle ne veulent parler à personne.

Les anciens guérisseurs du premier millénaire disent que la confiance est un élément très important du succès dans la lutte contre la maladie. Si le patient fait confiance au médecin, ils combattent tous deux la maladie. Et si le patient ne fait pas confiance, ou abandonne et prend le parti de la maladie, alors le médecin lui-même contre deux adversaires ne pourra pas remplir sa mission et ses tâches, même avec le meilleur art médical. Alors, n’ayez pas peur d’exprimer votre douleur et n’ayez pas peur de l’écouter. Ayons du temps pour la douleur et la souffrance humaines ! Ce n’est qu’alors que nous pourrons commencer efficacement le processus de guérison.

Le Christ ne quitte jamais une personne, ni dans sa vie, ni dans sa souffrance, ni dans sa mort. Le Christ est le premier à écouter. Il nous écoute avant même que nous lui parlions avec nos bouches. Il écoute les battements de notre cœur et Il est avec nous. N’ayons donc pas peur de lui ouvrir le fond de notre cœur, le fond de nos blessures et de nos douleurs. Et alors Il saura qui nous envoyer, quel prêtre, quel médecin, pour aider une personne, pour la sauver de sa douleur, et surtout, du péché et de la mort.

Aujourd’hui, je voudrais que notre juste métropolite Andriy Sheptytsky nous parle à nouveau avec ses paroles sur la vraie paix. Parce que si souvent aujourd’hui nous disons que la paix devrait vaincre la guerre. Combien de fois de nos jours, le mot « paix » change de sens, une mutation idéologique du concept de paix a lieu. Nous voyons comment la Russie utilise le concept d' »imposition de la paix » depuis la guerre contre la Géorgie. Et ce qui, en fait, n’est qu’une saisie, une humiliation et un asservissement. 

Notre Métropolite nous dit : « Il ne s’agit pas de paix quand quelqu’un doit s’accorder avec quelqu’un d’autre contre sa volonté. » Nous comprenons que la véritable paix commence par le respect mutuel, la compréhension mutuelle et la guérison mutuelle des blessures.

Ô Dieu, bénis l’Ukraine ! Que Dieu bénisse l’armée ukrainienne ! O Dieu, guéris les blessures de Ton peuple, qui crie vers Toi en prière jour et nuit ! Ô Dieu, accorde à la terre ukrainienne Ta paix juste et céleste !

Que la bénédiction du Seigneur soit sur vous avec Sa grâce et Son amour pour l’humanité pour toujours et à jamais. Amen

Gloire à Notre Seigneur Jésus-Christ !

+ Sviatoslav