La victoire de l’Ukraine sera le bien commun de tout le peuple ukrainien – Sa Béatitude Sviatoslav – 11 août 2022

Secrétariat du Primat de l’EGCU (Église gréco-catholique ukrainienne) – Rome

Sa Béatitude Sviatoslav Shevchuk – Archevêque Majeur 

Gloire à Jésus-Christ !

Chers frères et sœurs en Christ ! 

Nous sommes le jeudi 11 août 2022 ; et depuis 169 jours le peuple ukrainien est dans une bataille inégale avec l’agresseur russe, qui sème inlassablement la destruction et la mort sur la terre ukrainienne.

Au cours des dernières vingt-quatre heures, hier soir, l’Ukraine a de nouveau été grièvement frappée et blessée par des armes russes de toutes sortes. L’ennemi tente inlassablement d’attaquer les troupes ukrainiennes, notamment dans la région de Louhansk et la région de Donetsk. Nos villes déjà blessées de Kharkiv et Mykolaïv tremblent sous les missiles et les bombes russes.

Mais la dernière nuit a été la plus infernale pour la région de Dnipropetrovsk. Encore une fois, l’ennemi a détruit de nombreux bâtiments civils et l’infrastructure des grandes villes avec des frappes d’artillerie à réaction. Le sang ukrainien a à nouveau été versé…

Mais l’Ukraine tient bon. L’Ukraine se bat. L’Ukraine prie.

Aujourd’hui, je vous invite à réfléchir à une règle additionnelle de construction pour une reconstruction réussie. Une règle que la sagesse chrétienne nous enseigne depuis des milliers d’années. Hier, nous avons réfléchi au fait que le premier et le plus important élément, la pierre angulaire de toute société est le respect de la dignité de la personne humaine et du caractère sacré de la vie humaine, de la conception à la mort naturelle. Car c’est de ces dignités que découlent tous les autres droits et devoirs d’une personne. En effet, la société existe pour l’homme, pour qu’il puisse vivre et s’y développer.

Aujourd’hui, nous allons réfléchir au deuxième élément, très important, à la base de la construction sociale et étatique. C’est le principe du bien commun. 

Par nature, étant créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, qui est Trinité, l’homme a besoin de divers types de bienfaits qu’il ne peut se procurer seul. Le bien commun n’est pas simplement la somme de divers biens privés ou richesses des citoyens de tel ou tel État. Le bien commun est quelque chose qui ne peut être atteint qu’ensemble, conjointement. Le bien commun est quelque chose qui permet à tous les citoyens de se sentir protégés dans l’une ou l’autre société ou État. Chaque personne, citoyen, a certains devoirs envers le bien commun. Par exemple, nous disons que le but de servir toutes les autorités politiques du pays est le bien commun de tous les citoyens. Un exemple de bien commun est l’État lui-même. De même, nous savons déjà aujourd’hui que nous ne pouvons vaincre notre ennemi qu’ensemble,  et seulement ensemble. Et nous comprenons que la victoire de l’Ukraine sera le bien commun de tout le peuple ukrainien. L’avantage dont tous les citoyens bénéficieront aujourd’hui, ainsi que nos enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants dans le futur.

Aussi, que le sens du devoir, pour le bien commun du peuple ukrainien, soit la lumière qui nous aidera à nous rassembler au nom du bien, le bien commun de tous les Ukrainiens, indépendamment de la richesse, de l’origine, du lieu de résidence dans l’une ou l’autre région ! C’est quelque chose qui doit nous unir tous et nous conduire à une victoire commune, à la construction commune d’un État souverain, libre et indépendant.

Aujourd’hui, je voudrais surtout m’adresser aux mères de famille qui ont dû quitter l’Ukraine avec leurs enfants. Celles qui ont été forcées de quitter l’Ukraine, quand leurs maris sont restés pour défendre la patrie. Le monde entier a été ému par les images vues à la frontière ukrainienne, d’un père qui a conduit sa femme et son enfant à la frontière ; leur a dit au revoir et lui-même est retourné défendre l’Ukraine. Et la mère avec son enfant ou ses enfants a continué sur le chemin difficile et incertain des réfugiés vers un pays étranger.

Chères mères, aujourd’hui nous prions tout particulièrement pour vous. Je veux vous adresser des paroles de soutien aujourd’hui. Nous nous souvenons de vous, nous prions pour vous. Aujourd’hui, vous, la mère, êtes la seule protection de votre enfant, de vos enfants, dans ce monde étranger. Une porte solitaire vers ce monde immense et inconnu, presqu’extraterrestre. Toi, ô mère, là-bas, en terre étrangère, tu es la seule qui aujourd’hui doit t’occuper de l’éducation chrétienne, ainsi que de l’éducation nationale, culturelle de ton enfant. C’est pourquoi, nous, en tant que communauté d’Église, voulons vous aider. Nos paroisses, communautés dans différents pays du monde, mais surtout là où vous êtes, veulent être proches de vous, vous les mères. Elles veulent vous envelopper de la chaleur de la solidarité et de tout l’amour chrétien possible. Toi, maman, tu es aujourd’hui la seule mouette qui se dispute parfois pour le bien-être, le bien de ton enfant. 

Je vous en prie, ô mères, pensez à l’Ukraine. Le moment venu, rentrez chez vous. L’Ukraine a besoin de vous toutes. L’Ukraine, votre patrie, s’ennuie de vous ; pleure pour vous ; prie pour vous. Et nous croyons que le jour viendra où les pères rentreront vivant du front. Et toi, mère, tu reviendra dans ta patrie avec tes enfants. Votre famille sera réunie. Et nous serons à nouveau ensemble, dans notre Ukraine natale, indépendante et libre.

Ô Dieu, bénis le peuple ukrainien. Envoie ta bénédiction pour les mères ukrainiennes. Bénis l’armée ukrainienne, nos fils et nos filles, qui construisent le bien commun du peuple ukrainien au prix de leur propre vie. Ô Dieu rapproche chaque jour cette victoire souhaitée et ardemment désirée. Ô Dieu, bénis l’Ukraine de Ta paix juste et céleste de Dieu.

Que la bénédiction du Seigneur soit sur vous avec Sa grâce et Son amour pour l’humanité pour toujours et à jamais. Amen

Gloire à Notre Seigneur Jésus-Christ !

+ Sviatoslav