Secrétariat du Primat de l’EGCU (Église gréco-catholique ukrainienne) – Rome
Sa Béatitude Sviatoslav Shevchuk – Archevêque Majeur
Gloire à Jésus-Christ !
Chers frères et sœurs en Christ !
Nous sommes aujourd’hui le mercredi 12 octobre 2022 et déjà le 231ème jour de la guerre terrible, sanglante et sacrilège qui ravage l’Ukraine.
Hier, l’Ukraine a connu la deuxième vague d’attentats terroristes de la Russie sous la forme d’une attaque massive de missiles. Toute l’Ukraine d’est en ouest, du sud au nord a été touchée. Nous avons pu apprendre ce matin, que l’ennemi a tiré un missile balistique et 28 missiles de croisière sur l’Ukraine en quelques heures, mais 20 ont été abattus par la Défense Anti-aérienne Ukrainienne. Il a frappé avec 14 drones kamikazes portant une charge explosive de grande puissance, effectué 13 frappes aériennes, 40 frappes de systèmes à réaction de différents types.
Hier encore, la souffrance, la douleur, les larmes, le sang ont rempli le cœur de millions d’Ukrainiens. Villes et villages ukrainiens brûlaient encore hier. Dans le même temps, de violentes batailles se déroulent sur toute la ligne de front. Notre cœur souffre particulièrement pour la ville de Zaporizhia, qui est devenue l’épicentre de l’attaque quotidienne de la Russie par un grand nombre de missiles.
Mais l’Ukraine tient bon ! L’Ukraine se bat ! L’Ukraine prie !
Nous remercions Dieu et les Forces armées ukrainiennes d’être en vie ce matin. Et grâce à qui, nous voyons le soleil du matin et pouvons nous tenir devant la face de Dieu. Nous pouvons bénir la terre ukrainienne et prier pour son peuple qui souffre depuis longtemps.
Aujourd’hui, je veux poursuivre avec vous nos réflexions sur la résilience face à la douleur. Nous avons tant de peine aujourd’hui… Nous sommes blessés par ce que l’ennemi fait à notre peuple aujourd’hui. Mais comment éprouver, vivre avec cette douleur ? Comment bien se comporter dans des circonstances dramatiques aussi difficiles ?
Et aujourd’hui, je veux réfléchir avec vous sur le fruit de la sagesse de notre peuple, qui souffre depuis si longtemps, qui nous dit par la voix de ses héros, de ses martyrs et de ceux qui ont souffert dans leur chair, que pour vivre correctement la douleur, nous devons y trouver un sens ; le but et la signification de notre douleur. En effet, il y a une douleur qui nous permet de grandir, nous aide à nous rapprocher de Dieu et des hommes. Mais endurer la douleur ne signifie pas la faire disparaître, mais plutôt la transformer en une certaine sagesse, lui trouver un sens. Et c’est précisément la vertu de persévérance qui nous aide à transformer la douleur en sagesse, la peur en bravoure et la souffrance en force.
Il y a une différence entre douleur et souffrance. Parfois, nous n’avons pas le choix en ce qui concerne la douleur, mais la souffrance est la façon dont nous gérons notre douleur. La souffrance est notre attitude face à notre douleur. Pour aider le patient à survivre à la souffrance, les médecins lui conseillent parfois de décrire sa propre douleur. Décrire cette douleur, y réfléchir, essayer de l’analyser permet de s’en éloigner, de libérer un espace, libre de douleur. Nous sommes capables de choisir le sens que nous donnons à notre douleur. Nous, chrétiens, avons la force de notre Sauveur souffrant et crucifié pour évangéliser notre douleur, pour la remplir de la nouvelle puissance du Christ ressuscité. Les martyrs ont enduré une douleur hors du monde, la percevant comme une expérience religieuse profonde, comme une preuve de résurrection, la vie après la mort.
La douleur fait le plus de dégâts lorsqu’elle reste cachée. L’un des signes de la résilience est la capacité de déterminer quelle douleur mérite notre attention, ou ne la mérite pas. Parce que tous les chagrins, toutes les douleurs n’ont pas de signification. Parfois, nous avons vraiment besoin de pouvoir donner le bon sens à cette douleur, qui a et devrait avoir sa signification et devient ainsi une étape dans la réalisation de notre objectif. Lorsque nous surmontons la douleur, nous devons nous concentrer sur la réalité sous nos yeux, pas sur les défis de demain. Il ne faut pas fuir la douleur. Elle doit être changée, transformée par notre résilience en notre sagesse, la Sagesse de la Croix du Christ.
Aujourd’hui, je veux que nous prions tous ensemble pour tous ceux qui souffrent, car cela fait le plus mal quand nous ne comprenons pas le sens de notre douleur. La culture moderne de consommation tend à émasculer le sens de la souffrance humaine. Il engourdit la douleur de notre corps, et pire que tout, il engourdit notre conscience. Prions pour ceux qui souffrent. Pour ceux qui aujourd’hui sont des enseignants de la sagesse chrétienne à cause du sens chrétien que nous devons investir dans nos peines et nos souffrances. Nous ne choisissons pas nos souffrances, mais nous pouvons les transformer en sagesse, les transformer en la gloire de notre Christ, qui illumine le visage du peuple martyr, du peuple souffrant.
Ô Dieu, bénis l’Ukraine ! Ô Dieu, bénis notre armée ukrainienne, nos filles et garçons qui protègent le peuple ukrainien aujourd’hui ! Ô Dieu, soutiens ceux qui souffrent le plus aujourd’hui ! Soutiens ceux qui souffrent pour que cette douleur ne les brise pas. Ô Dieu, bénis notre terre de Ta paix céleste et juste !
Que la bénédiction du Seigneur soit sur vous avec Sa grâce et Son amour pour l’humanité pour toujours et à jamais. Amen
Gloire à Notre Seigneur Jésus-Christ !
+ Sviatoslav