Secrétariat du Primat de l’EGCU (Église gréco-catholique ukrainienne) – Rome

Sa Béatitude Sviatoslav Shevchuk – Archevêque Majeur 

Gloire à Jésus-Christ !

Chers frères et sœurs en Christ !

Nous sommes aujourd’hui le mardi 31 mai et l’Ukraine vit déjà le 97ème jour de cette grande guerre : guerre que mène la Russie contre le peuple ukrainien. Et nous remercions le Seigneur Dieu et les forces armées ukrainiennes d’avoir survécu à cette nuit, et que nous pouvons voir la lumière d’un nouveau matin.

Tout l’Est de l’Ukraine brûle à nouveau. Les combats les plus féroces, comme nous l’apprennent les rapports officiels, se déroulent dans les régions de Louhansk et de Donetsk. L’ennemi utilise toutes sortes d’armes. Dans la nuit, la ville de Slovyansk, qui avait été la première à subir l’agression russe en 2014, a même été touchée par des roquettes.

La région de Louhansk est littéralement en feu, aussi bien en raison des incendies à grande échelle causés par les occupants : 17 000 hectares de forêt ont déjà été détruits. Cet incendie démontre de manière visible que cette guerre suit une politique de terre brûlée, celle que mène l’occupant contre l’Ukraine. De plus l’occupant emporte en masse des céréales volées, pille les villes et les villages d’Ukraine de diverses manières.

Mais l’Ukraine se tient debout, l’Ukraine se bat, et l’Ukraine prie et croit en Dieu, Qui nous donne la force, la force de vivre.

Hier, vous et moi avons réfléchi sur la vertu la plus importante par laquelle commence la vie chrétienne, la vertu de Foi. Nous avons mentionné que la foi est comme la porte à laquelle le Seigneur frappe. Dans le livre de l’Apocalypse, le Christ dit : « C’est moi qui frappe à la porte. Qui va m’ouvrir ?».

Aujourd’hui, je voudrais réfléchir avec vous sur le premier fruit de la foi chrétienne, une vertu qui s’appelle l’espérance. Dans des moments aussi tragiques, dramatiques, où il semble que tout le monde dans lequel vous viviez jusque-là, que vous connaissiez, se détruit, s’effondre par pans entiers, il n’y a plus rien de certain. Il n’y a plus rien de défini dans un temps de guerre aussi incertain.

Sur quoi s’appuyer ? Qu’espérer ?

L’espoir chrétien en tant que vertu était parfois représenté dans les images chrétiennes primitives par le symbole d’une ancre. Puisque dans la mer démontée, l’ancre du navire est une source de sauvetage, de salut. Elle offre au navire la possibilité de ne pas être détruit, emporté, brisé par les vagues de la mer. De la même manière, l’espérance chrétienne est l’ancre de l’homme dans la mer orageuse de cette vie terrestre. L’espérance en tant que vertu doit être distinguée du sentiment d’espoir. Nous disons parfois : « J’espère que tout ira bien. Mais nous ne savons pas si ce sera le cas. Nous ne sommes pas sûrs.

La vertu de l’espérance chrétienne, est un don de Dieu, comme fruit de la Foi, quelque chose de très certain. La vertu d’espérance naît dans l’action lorsque nous possédons déjà ce que nous espérons. La vertu de l’espoir est semblable à quand nous plongeons un récipient dans de l’eau claire et, en le retirant, le récipient est rempli de cette eau. De la même manière, lorsque nous nous immergeons dans la vie de Dieu dans le mystère du Baptême par la foi, alors Dieu nous emplit tout entier. Et donc, la présence de Dieu dans l’espace intérieur de l’homme, la présence de ce Dieu dont nous attendons la plénitude et qui est le contenu de l’espérance chrétienne. Nous n’espérons, en tant que chrétiens, qu’en Dieu, qui est déjà présent en nous, mais qui ne s’est pas encore pleinement révélé. Par la foi, nous permettons à Dieu de vivre en nous, et nous espérons le moment où nous vivrons en Dieu. Nous participerons à Sa vie Éternelle car le navire est porté par un flux rapide d’eau propre et vivante. L’espoir est la vertu du voyageur. C’est-à-dire qu’il y a une force qui se meut, qui va vers un but. Lorsque la personne aura atteint son objectif, l’espoir sera réalisé. Nous attendons l’accomplissement de l’espérance chrétienne, mais nous avons déjà ce que nous espérons.

On me demande souvent : « Vous qui êtes en Ukraine en temps de guerre… Avez-vous un espoir? » Je réponds avec confiance: « Évidemment que oui ! » Parce que nous sommes chrétiens. Nous sentons déjà présent en nous et parmi nous le Dieu sur lequel nous nous appuyons. La Parole de Dieu dit : « Ne vous fiez pas aux princes, car il n’y a pas de salut dans les fils des hommes ».

Ô Dieu, Tu es l’espoir de l’Ukraine. Ô Dieu, en défendant notre terre, protégeant nos maisons, villes et villages, nos parents et amis, nous espérons en Toi,  vivant parmi nous. Ô Dieu, montre nous cette présence. Donne-nous de vivre pleinement cette espérance et de partager cette espérance. Ô Dieu, bénis l’Ukraine. Ô Dieu, bénis l’armée ukrainienne. Redonne l’espoir à ceux qui l’ont perdu. Ô Dieu, bénis notre Ukraine avec Ta paix divine juste et sainte !

Que la bénédiction du Seigneur soit sur vous avec Sa grâce et Son amour pour l’humanité pour toujours et à jamais. Amen

Le Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité !

+ Sviatoslav