Secrétariat du Primat de l’EGCU (Église gréco-catholique ukrainienne) – Rome
Sa Béatitude Sviatoslav Shevchuk – Archevêque Majeur
Gloire à Jésus-Christ !
Chers frères et sœurs en Christ !
Nous sommes aujourd’hui le jeudi 13 octobre 2022. Et le peuple ukrainien se tient indomptable dans cette grande guerre depuis déjà 232 jours.
Au cours de cette dernière journée, de violents combats sanglants se sont poursuivis sur toute la ligne de front. La situation la plus difficile se situe dans la région de Donetsk, près de Bakhmut et d’Avdiyivka, où l’ennemi attaque sans relâche les positions ukrainiennes plusieurs fois par jour. Mais notre armée repousse fermement, courageusement, fièrement ces attaques.
En une seule journée, les Russes ont tiré 3 missiles sur des villes et villages ukrainiens, effectué 21 frappes aériennes et tiré 104 systèmes de roquettes de différents types. Une quarantaine de villes et villages d’Ukraine ont été touchés par ces terribles bombardements. Bien que l’intensité des attaques contre les villes et les villages ait diminué par rapport à ces derniers jours, la Russie attaque à nouveau inlassablement les villes et les villages depuis les airs. Tôt ce matin, une alerte aérienne a été retenti à plusieurs reprises au-dessus de Kyiv et de la région de Kyiv, et nos villes proches de Kyiv ont été attaquées par des drones kamikaze remplis d’explosifs.
L’ennemi bombarde constamment Zaporizhia et Mykolaïv. Hier, à Mykolaïv, un enfant a heureusement été retrouvé vivant sous les décombres. Nous sommes si heureux de ce sauvetage, mais, d’un autre côté, nous avons tellement mal au cœur pour ces villes, qui sont chaque jour victimes sans pitié des missiles et des attentats à la bombe des russes.
Selon de nouvelles données du Médiateur de l’Ukraine, 422 enfants sont morts en Ukraine à ce jour. Il s’agit du chiffre officiellement enregistré, mais 805 autres enfants ont subi des blessures à des degrés divers de gravité.
L’approvisionnement énergétique de l’Ukraine a été endommagé à la suite de ces attaques de missiles et de bombes. Près d’un tiers des installations qui produisent, distribuent et fournissent de l’énergie électrique ont été endommagées. Dans les grandes villes, le manque d’énergie électrique se transforme immédiatement en un besoin sérieux et en un problème de manque d’eau. Aujourd’hui, 1 400 000 Ukrainiens n’ont pas accès à des sources d’eau potable. Nous devons tout faire pour approvisionner les assoiffés aujourd’hui dans notre Patrie.
Mais l’Ukraine tient bon ! L’Ukraine se bat ! L’Ukraine prie !
Je veux poursuivre avec vous nos réflexions sur la vertu de persévérance. Comment pouvons-nous résister au milieu de cette douleur affolante et terrible qui grandit dans le corps de notre peuple ? La douleur qui imprègne chaque cellule du corps et de l’âme de chaque Ukrainien aujourd’hui, quel que soit l’endroit où il vit. Quel chemin devons-nous emprunter pour maîtriser notre propre douleur. Est-ce seulement possible ?
Notre peuple-crucifié, nos héros, nos martyrs nous disent que oui. C’est possible. Parfois, nous ne pouvons pas changer notre situation, nous ne pouvons pas fuir notre douleur et notre souffrance, mais ce que nous pouvons faire, c’est changer notre attitude envers notre propre douleur. Ne pas succomber aux peurs et aux phobies qui veulent parfois remplir tout notre monde spirituel intérieur, notre conscience, notre esprit et notre volonté, et ainsi nous paralyser. Parce que la peur est ce que l’ennemi veut instiller au cœur des Ukrainiens aujourd’hui.
Les peurs font le plus de dégâts lorsqu’elles dominent notre esprit. Elles doivent être appelés par leur nom. Alors parfois, écrivez ces peurs sur un morceau de papier, regardez-les en face. Alors, comme notre douleur, elles perdront leur pouvoir.
Pour devenir résilient, nous devons apprendre à contrôler notre vie et ne pas céder aux peurs et aux angoisses. Tout comme dans notre vie ascétique nous ne pouvons pas abandonner notre vie, notre liberté à toutes nos convoitises, nos passions, nos moments de désir, nos émotions. De même nous ne devons pas devenir esclaves de notre propre peur ou de nos angoisses. La confiance en Dieu nous permet de maîtriser nos propres peurs. Quiconque fait confiance à Dieu, Lui confie ses peines, ses souffrances, son chagrin personnel, reçoit de Dieu la force d’y survivre, de persévérer.
La maîtrise de la douleur commence par la maîtrise de nous-mêmes. Une expression d’une telle maîtrise est la conscience et la gratitude. Nous y avons déjà pensé avec vous. Cette gratitude nous rend plus forts. La gratitude envers Dieu et les bonnes personnes nous donne la force d’affronter nos propres peurs. Les psychologues et les médecins disent que les personnes qui pratiquent la gratitude sont moins stressées. Lorsque nous exprimons notre gratitude aux autres, du plus profond de notre douleur, nous remarquons quelque chose de bien. Nous remarquons que même au milieu de notre douleur et de notre souffrance, il y a quelque chose de bon en nous et autour de nous dont nous pouvons être reconnaissants. Qu’il y a encore du bien et du vrai présents dans nos vies. Et nous les reconnaissons et nous remercions le Seigneur Dieu et nos proches pour le fait que nous ne sommes pas seuls, que nous ne sommes pas abandonnés et oubliés au milieu de nos souffrances.
Et ici, pour nous chrétiens, une nouvelle facette s’ouvre, une nouvelle dimension du pouvoir de la prière. La prière nous aide à trouver un sens au milieu de notre douleur. Celui qui appelle Dieu au milieu de la douleur commence à mieux comprendre et réaliser sa douleur et commence à la dominer. La prière combine de nombreux éléments de résilience que nous avons déjà mentionnés : la gratitude, l’opportunité de voir sa propre situation un peu de côté, à distance, de reconnaître ses propres limites. La prière nous rappelle le sens de la vie humaine et notre but, notre vocation, notre dignité d’enfants de Dieu.
Que le Seigneur Dieu, qui est présent avec nous et en nous au milieu de nos peines et souffrances, soit notre force, la source de notre stabilité. Que notre prière devienne force au milieu de la douleur et de la souffrance. Le pouvoir qui apportera la victoire sur la peur, sur la douleur, sur le mal et la victoire ultime sur notre ennemi qui vient aujourd’hui pour nous tuer.
Ô Dieu, bénis l’Ukraine ! Ô Dieu, sois avec nous au milieu de notre douleur et de nos souffrances nationales. Ô Dieu, Tu es celui qui éclaire le sens de notre vie, de notre souffrance, de notre combat. C’est Toi qui nous dis ce que vaut notre travail, ce pour quoi nous vivons aujourd’hui et pour quoi nous mourons aujourd’hui. Parce que c’est Ton oeuvre. L’œuvre de libération de l’homme du péché et de la mort. Ô Dieu, bénis notre patrie, notre armée avec Ta puissance d’en haut ! Ô Dieu, bénis-nous tous de ta paix céleste !
Que la bénédiction du Seigneur soit sur vous avec Sa grâce et Son amour pour l’humanité pour toujours et à jamais. Amen
Gloire à Notre Seigneur Jésus-Christ !
+ Sviatoslav