Secrétariat du Primat de l’EGCU (Église gréco-catholique ukrainienne) – Rome
Sa Béatitude Sviatoslav Shevchuk – Archevêque Majeur
Gloire à Jésus-Christ !
Chers frères et sœurs en Christ !
Vendredi 8 juillet 2022, depuis 135 jours, le peuple ukrainien retient une invasion russe à grande échelle, qui est entré sur notre sol et de sa main meurtrière frappe la terre ukrainienne.
Nous remercions le Seigneur Dieu et les Forces armées ukrainiennes d’avoir survécu jusqu’à ce matin, de pouvoir être ensemble, de pouvoir nous tenir devant Dieu, de pouvoir vivre et servir Dieu et l’Ukraine.
Cette nuit, et au cours de la journée d’hier, encore beaucoup de personnes sont mortes en Ukraine, beaucoup ont été blessées. L’ennemi continue d’avancer, en particulier à la frontière des régions de Louhansk et de Donetsk, prenant d’assaut les villes de Kramatorsk, Slovyansk, Bakhmut, soumettant nos villes et nos villages à des tirs de roquettes dévastateurs. Encore une fois, Kharkiv a souffert d’attaques à la roquette, tout comme l’oblast de Dnipropetrovsk dans le sud de l’Ukraine. Des dizaines de personnes ont été blessées à la suite de ces brutales attaques ennemies.
Mais l’Ukraine tient bon. L’Ukraine se bat. L’Ukraine prie. Et l’Ukraine est en train de gagner, et en premier lieu, elle est en train de vaincre le mal dans son propre cœur.
Aujourd’hui, j’aimerais que nous commencions à apprendre avec vous l’art de la victoire. Au cours des derniers jours, nous avons contemplé les règles de cette arme spirituelle invisible, nous avons vu quel mal le péché apporte à la vie d’une personne, comment il dévaste et détruit notre esprit, notre volonté, nos sentiments, notre espace personnel intérieur. Nous avons dit qu’il est nécessaire de lutter pour la liberté, même pour sa libération personnelle des griffes du péché. Nous avons parlé du fait que la repentance est un élément nécessaire, qu’est la clé de cette liberté, une condition nécessaire pour celle-ci, et aussi la façon dont les chrétiens apprennent à gagner.
Aujourd’hui, je voudrais commencer par les huit péchés principaux et leurs vertus opposées. En effet, l’expérience de la lutte contre le mal que possède l’Église du Christ, montre qu’il ne suffit pas de lutter uniquement contre le péché, mais qu’il est nécessaire de développer certaines qualités, certains traits, qui s’opposent à cette faiblesse, à ce péché qui m’afflige. En particulier quand vous et moi observons déjà une sorte de passion dans notre être, qui désoriente nos forces naturelles, nous avons besoin d’une telle gymnastique thérapeutique afin de corriger ce défaut même dans notre posture spirituelle.
Et aujourd’hui réfléchissons avec vous au premier de ces péchés majeurs, qui s’appelle la gourmandise, et la vertu opposée à ce péché, qui nous libère de cette passion, c’est la modération, surtout dans l’alimentation. Nous savons très bien qu’une personne a besoin de nourriture et de boisson. Le Seigneur Dieu nous a créés de telle manière que nous ne sommes pas des êtres autosuffisants. Pour vivre, pour exister, nous avons besoin de nous alimenter. Pour vivre, pour exister dans ce monde visible, dans notre dimension corporelle, nous avons besoin de nourriture, nous avons besoin de boire.
Mais le péché désoriente ces besoins humains naturels, et très souvent cette désorientation est passionnée, une telle rupture de ce besoin naturel se transforme en un péché, qui a deux caractéristiques principales. Tout d’abord, le péché de gourmandise est commis par celui qui consomme de la nourriture en quantité illimitée. Les pères de l’Église disent que parfois le diable enlève le sentiment de satiété à une personne, et peu importe la quantité de nourriture qu’une personne consomme, peu importe la quantité qu’elle boit, elle n’en a toujours pas assez. Et, malheureusement, une grande partie de l’humanité est aujourd’hui marquée par ce péché, en particulier en ce qui concerne les pays dits de prospérité. L’autre aspect de ce péché se caractérise par le fait que la personne recherche le plaisir de la nourriture, et qu’elle consomme de la nourriture non pas pour se renforcer physiquement, mais pour obtenir du plaisir. Et peu importe à quel point elle obtient ce plaisir, ce ne sera toujours pas suffisant ; on dit que « l’appétit vient en mangeant »…
De quoi avons-nous besoin pour vraiment apprendre à gérer, en particulier dans ce désir humain fondamental, notre besoin humain fondamental ? Et c’est là que la vertu de modération vient à notre aide, notamment en ce qui concerne l’alimentation. L’un des moments ascétiques importants, des exercices qui nous permettent d’apprendre à réguler cette passion, est le jeûne. Nous vivons actuellement le « jeûne de Pierre » avec lequel nous préparons les fêtes des Apôtres Suprêmes Pierre et Paul. Mais le jeûne dans la vie spirituelle et ascétique d’un croyant est similaire à l’apprentissage de la conduite, lorsqu’un bon instructeur enseigne à un débutant comment conduire correctement un nouveau véhicule. Si quelqu’un ne sait pas conduire un véhicule, il y a alors grand danger qu’il provoque un accident, se blesse et blesse son entourage. Parfois, vous devez vraiment vous entrainer pour qu’à la fin ce véhicule vous obéisse.
Combien il est important d’apprendre à « se gérer soi-même », en particulier, gérer ses besoins de base en nourriture et en boisson. Le jeûne est donc l’un des moyens pour une personne à apprendre à se gérer, notamment lorsqu’il s’agit de manger et de boire.
Aujourd’hui nous demandons au Seigneur Dieu de nous apprendre à vaincre, à vaincre le mal, car qui saura gérer ses besoins de base, qui saura maîtriser un désir désordonné de manger et de boire, celui-là surmontera bien d’autres péchés qui naissent de ce péché de gourmandise.
Aujourd’hui, je voudrais appeler tout le monde à prier et à jeûner, en particulier pour ceux de nos Ukrainiens, frères et sœurs, civils et militaires, qui ont disparu. Le sort des proches qui ont appris la disparition de leur fils ou de leur fille se transforme en enfer sur terre. Comme il est terrible de ne pas savoir si votre fils, votre fille, votre mari, votre femme est vivant ou mort, de ne pas savoir comment prier pour eux, de ne pas avoir d’informations fiables de quiconque sur l’endroit où ils se trouvent et comment les aider. Ma demande aujourd’hui, offrons notre jeûne, en particulier notre prière, pour ceux qui sont considérés comme portés disparus, pour ceux qui aujourd’hui n’ont rien à manger ni à boire, pour ceux qui sont détenus par l’ennemi dans des camps de concentration, appelés camps de filtration, pour ceux dont le destin n’est vraiment qu’entre les mains de Dieu.
Ô Dieu, bénis l’Ukraine. Ô Dieu, apprends-nous à vaincre le mal. Ô Dieu, accorde-nous la victoire sur celui qui apporte le mal, la mort et le meurtre sur la terre ukrainienne. Ô Dieu, bénis les enfants de l’Ukraine !
Que la bénédiction du Seigneur soit sur vous avec Sa grâce et Son amour pour l’humanité pour toujours et à jamais. Amen
Gloire à Notre Seigneur Jésus-Christ !
+ Sviatoslav