La patience aide une personne à surmonter toutes sortes de dangers et est l’accomplissement du Don du Saint-Esprit, appelé « force » – Sa Béatitude Sviatoslav – 24 juin 2022

Secrétariat du Primat de l’EGCU (Église gréco-catholique ukrainienne) – Rome
Sa Béatitude Sviatoslav Shevchuk – Archevêque Majeur 

Gloire à Jésus-Christ !

Chers frères et sœurs en Christ !

Nous sommes le vendredi 24 juin 2022. Et l’Ukraine a déjà traversé 121 jours de guerre à grande échelle, de cette invasion russe, de cette guerre contre le peuple ukrainien.

Nous commençons le 5ème mois déjà d’opposition de toute la nation à l’agresseur… Et chaque matin, nous remercions le Seigneur Dieu et les Forces armées ukrainiennes d’avoir survécu jusqu’à ce jour nouveau et de pouvoir nous réjouir de la lumière du jour.

Au cours des dernières vingt-quatre heures, sur tous les fronts, les combats ont été très intenses et féroces… D’après ce que nous entendons des messages de nos militaires, de notre gouvernement – l’intensité des bombardements, les hostilités s’accroissent. De violents coups ont été portés aux régions de Soumy et de Kharkiv. Ce matin, la région de Mykolaïv, la ville et ses environs ont de nouveau été la cible de tirs, bien que les circonstances les plus infernales restent les affrontements militaires dans la région de Louhansk, autour des villes de Severodonetsk et Lysychansk. En fait, là-bas, notre armée « fixe » les forces ennemies en grand nombre. Et nos soldats font rempart de leurs corps. Encore une fois, au cours de la dernière journée, des gens ont été tués, des civils, des innocents sont morts… et nous les confions, les remettons à notre Père du Ciel.

Mais l’Ukraine tient bon. L’Ukraine se bat. L’Ukraine prie. L’Ukraine défend les valeurs humaines fondamentales. L’Ukraine prouve à elle-même et au monde entier que nous sommes un peuple digne qui ne veut en rien accaparer le bien d’autrui, mais qui a le devoir sacré de défendre ce qui lui appartient.

Aujourd’hui, je voudrais réfléchir avec vous sur un autre fruit de l’action de l’Esprit Saint, un autre signe de la maturité de l’homme dans sa vocation chrétienne. Et ce fruit du Saint-Esprit s’appelle la patience. De quoi s’agit-il? Quelle patience la Parole de Dieu et l’Église du Christ nous enseignent-elles ?

Tout d’abord, lorsque nous parlons de la patience comme d’un fruit de l’Esprit Saint, nous contemplons la face de Dieu. Il s’agit d’une caractéristique particulière de notre Dieu, qui est patient avec l’homme. Même la Parole de Dieu caractérise parfois notre Dieu de « patient à l’extrême ». Le Seigneur Dieu ne veut pas que le pécheur meure, et il sait attendre longtemps, créer le temps et l’espace appropriés afin que ce pécheur se convertisse, abandonne sa malice, son péché et puisse vivre. Par conséquent, la longue patience, en tant que fruit de l’Esprit Saint, est une caractéristique spécifique de nous, chrétiens, qui montrons ainsi de la miséricorde envers les défauts, les péchés, les infirmités des autres. Être patient envers les faibles ne signifie pas accepter cette faiblesse, cela ne signifie pas faire l’éloge du péché ou du mal. Mais cela signifie être capable d’être miséricordieux et de tout faire pour que cette personne guérisse du péché. Mais cette patience, en tant que fruit de l’Esprit Saint, a une autre caractéristique.

Dans la vie chrétienne, il est si important de persévérer dans le bien. Cette patience s’applique également à nous-mêmes, car parfois une personne immature veut tout comprendre, obtenir tout et tout à la fois. Si je me souviens bien, un jeune homme qui a dit « Je ne sais pas ce que je veux, mais je le veux déjà »… Mais la patience, une longue patience donne à une personne la possibilité de travailler jour après jour de ce travail de fourmi, comme l’a enseigné le juste métropolite Andrei Sheptytsky – et avancer grâce à ce travail sur soi quotidien pénible. Parce que c’est ainsi que toute la nation avance vers son but. Tout au long d’une telle persévérance dans le bien, l’intention de la personne est vérifiée ; on vérifie combien elle s’efforce de faire le bien; à quel point elle est véritablement convaincue que ce que le Seigneur l’appelle à faire, elle veut l’accomplir.

Ainsi la patience aide une personne à surmonter toutes sortes de dangers et de difficultés et est l’accomplissement du Don du Saint-Esprit, dont nous avons déjà parlé avec vous, le don appelé « force ».

Aujourd’hui, nous avons tellement besoin de savoir être patients. 

Car de cette façon, il y a peut-être un moyen de continuer patiemment dans notre vocation spirituelle, dans notre vocation professionnelle ; même de persévérer patiemment dans notre combat. Ce sera l’un des types de notre victoire, victoire sur le mal, victoire sur l’agresseur russe.

Nous disons aujourd’hui : « Dieu, merci d’avoir été patient avec nous, avec nos infirmités, voire même avec nos infidélités et nos menaces. Dieu, supportons le bien jusqu’à la mort. Ô Dieu, aide-nous, fortifie-nous dans notre lutte pour la liberté de notre patrie. »

Ô Dieu, bénis l’Ukraine. Ô Dieu, bénis l’armée ukrainienne. Ô Dieu, donne à nous tous la patience d’attendre et de remporter notre victoire, jusqu’au bout.

Que la bénédiction du Seigneur soit sur vous avec Sa grâce et Son amour pour l’humanité pour toujours et à jamais. Amen

Gloire à Notre Seigneur Jésus-Christ !

+ Sviatoslav