L’Ukraine est aujourd’hui comme une femme qui accouche d’un enfant dans la douleur – Sa Béatitude Sviatoslav – 8 juin 2022

Secrétariat du Primat de l’EGCU (Église gréco-catholique ukrainienne) – Rome
Sa Béatitude Sviatoslav Shevchuk – Archevêque Majeur 

Gloire à Jésus-Christ !

Chers frères et sœurs en Christ !

Nous sommes aujourd’hui le mercredi 8 juin 2022. Et l’Ukraine vit déjà le 105ème jour d’agression russe. 105 jour e cette terrible guerre sanglante.

Mais l’âme ukrainienne, la force ukrainienne se renforcent et la victoire approche.

Bien que toute la ligne de front soit en feu, nos soldats, à travers lesquels nous voyons la lumière du soleil ce matin, font des miracles de courage. Brisant toutes les prédictions possibles des experts militaires, notre armée continue de défendre la région ukrainienne de Louhansk. De plus, elle repousse l’ennemi, bien que les principales forces russes d’attaque y soient aujourd’hui concentrées contre l’Ukraine. Cette nuit, la ville de Kharkiv était de nouveau en feu à cause de bombardements nocturnes. Des villes frontalières de la région de Soumy ont également été bombardées et de violents combats font rage dans le sud de notre patrie, en particulier dans les régions de Kherson et de Mykolaïv.

Nous apprenons que la situation devient critique pour la population civile de la région de Kherson. Il est presque impossible d’aider avec de l’aide humanitaire et d’y acheminer nourriture et médicaments. Ce territoire est aussi isolé que l’était l’Ukraine pendant le Holodomor (NdT le génocide par la faim 1932-1933). Et sortir de cette zone ou y livrer quelque chose devient extrêment difficile et beaucoup de gens sont directement condamnés par l’ennemi à une lente mort par la faim.

C’est pourquoi j’appelle chacun à prier pour notre armée, pour la population civile, qui aujourd’hui souffre durement dans ces circonstances des hostilités, en particulier de la brutalité de l’agresseur. Mais l’Ukraine se tient debout et se bat.

Et aujourd’hui, nous sommes déjà au 6ème jour de la décade de la mission, c’est-à-dire que nous nous dirigeons de jour en jour vers la fête de la Venue du Saint-Esprit et attendons l’arrivée parmi nous de la Troisième Personne de la Sainte Trinité, Le seule en qui nous puissions espérer. Celui à qui nous pouvons raconter tous nos soucis, qui viendra nous apprendre toute la vérité. Le Saint Évangile du jour, la Parole de Dieu, nous parle de douleur. La douleur d’une personne qui, à travers la puissance et l’action du même Saint-Esprit, peut avoir différentes significations. Habituellement, la douleur humaine est associée au danger, la douleur humaine en tant que signal à notre corps que les choses ne vont pas bien est un danger pour notre santé et nos vies.

Mais aujourd’hui, la Parole de Dieu nous parle de la douleur comme de l’espérance. Le Seigneur dit à ses disciples lors de la Dernière Cène : « Une femme (…) souffre parce que son heure est arrivée. Mais, quand ensuite, elle ne se souvient plus de sa souffrance, tout heureuse qu’un être humain soit venu au monde ». Aujourd’hui l’Ukraine souffre. L’Ukraine pleure et souffre. L’Ukraine est blessée. Mais nous demandons au Saint-Esprit de transformer notre peine, notre souffrance, en souffrance d’espérance. Que notre combat soit vraiment prégnant dans l’espoir de la naissance d’une Ukraine renouvelée. En rencontrant des mères, des femmes qui ont perdu des êtres chers à la guerre, on peut entendre d’elles monter la prière que le sacrifice de leurs maris, fils et filles n’ait pas été vain. Lorsque nous rencontrons nos soldats, surtout les blessés, nous sentons qu’ils sont prêts à supporter leur douleur, à continuer à souffrir pour sauver des vies – l’homme de la vie humaine, qui vient au monde dans la douleur, qui se renouvelle dans ces souffrances militaires, voilà ce qui donne un sens à tout ce que nous vivons aujourd’hui. C’est tellement important, disent les mères de nos héros tombés, que leurs enfants n’aient pas donné leur vie en vain.

En ce jour, nous demandons, ô Saint-Esprit, donne-nous l’espoir. Donne-nous la joie de cette rencontre avec cette personne, avec la personne renouvelée, qui naît dans ces douleurs. Donne-nous la joie de rencontrer cette Ukraine renouvelée. Et alors nous oublierons toutes nos peines et nos souffrances. Et la joie que nous connaîtrons nous donnera un sens à toutes les souffrances que nous avons endurées pour notre avenir.

Aujourd’hui, nous prions en ce jour de la décade du travail missionnaire pour les enfants. Pour les enfants pour lesquels leurs parents sont prêts à faire de grands sacrifices pour leur assurer un avenir meilleur. Que ce sacrifice maternel et paternel devienne une joie pour leurs enfants. Dans la joie et l’espoir d’un avenir meilleur.

Ô Dieu, bénis l’Ukraine. Ô Dieu, bénis les enfants ukrainiens. Ô Dieu, bénis l’armée ukrainienne, qui protège et crée l’espoir d’un avenir meilleur pour notre peuple ukrainien. Ô Dieu, bénis tous ceux qui souffrent avec nous, qui souffrent de la douleur du peuple ukrainien. Et donne-nous la joie de la rencontre, la joie de vivre, cet Homme pour Qui il vaut la peine de vivre et de mourir.

Que la bénédiction du Seigneur soit sur vous avec Sa grâce et Son amour pour l’humanité pour toujours et à jamais. Amen

Gloire à Notre Seigneur Jésus-Christ !

+ Sviatoslav