Secrétariat du Primat de l’EGCU (Église gréco-catholique ukrainienne) – Rome

Sa Béatitude Sviatoslav Shevchuk – Archevêque Majeur 

Gloire à Jésus-Christ !

Chers frères et sœurs en Christ ! 

Nous sommes aujourd’hui le mardi 16 août 2022.

Et depuis 174 jours maintenant, le peuple ukrainien lutte dans une bataille inégale et sanglante contre l’agresseur russe, qui sème la destruction et la mort sur notre terre, apporte malheur, larmes et souffrances à notre peuple qui souffre depuis longtemps.

Au cours de la journée d’hier, de la nuit, et même maintenant en ce moment, de violentes combats se déroulent sur les fronts de l’Ukraine. Selon les nouvelles que nous avons reçues ce matin, l’ennemi tente d’attaquer agressivement les positions de l’armée ukrainienne, en particulier dans le nord de l’Ukraine, en direction de Kharkiv, avec une tentative de percée. Les batailles les plus féroces se déroulent dans la région de Louhansk et la région de Donetsk. Aujourd’hui, Bakhmut, Slovyansk sont à l’épicentre des opérations militaires et des affrontements militaires les plus intenses. La ville de Kharkiv a beaucoup souffert cette nuit, où 5 roquettes ont frappé la ville. Des combats se déroulent également dans le sud de notre patrie.

Notre armée ukrainienne repousse héroïquement ces attaques, attaques incessantes de l’ennemi, qui nous dépasse en nombre et en armes. Toutefois héroïquement l’armée ukrainienne défend sa patrie, notre terre ukrainienne. Indépendamment d’un moment aussi difficile de notre naissance, nous disons aujourd’hui – l’Ukraine est debout, l’Ukraine se bat, l’Ukraine prie.

Aujourd’hui, je veux particulièrement appeler tous les Ukrainiens, toute la communauté ukrainienne mondiale, toutes les personnes de bonne volonté à la prière. En effet, en ces jours qui viennent, il sera peut-être très difficile à nos défenseurs de contenir ces nombreuses attaques de l’ennemi. Et chacun de nous, là où il est, doit se tenir debout dans la prière afin de contenir l’assaut de l’armée ennemie, afin que l’Ukraine résiste.

L’Ukraine est debout, l’Ukraine se bat, l’Ukraine prie.

Aujourd’hui, nous poursuivons avec vous nos réflexions sur la façon de vraiment construire des relations sociales justes au sein d’un État, d’une société, et aussi au niveau international. Et, nous prolongeons nos réflexions sur les droits fondamentaux de l’homme. Vous et moi avons mentionné hier que les droits de l’homme sont un moyen concret de protéger la dignité humaine dans le monde contemporain, dans les circonstances modernes. Nous avons expliqué que ces droits humains sont universels, inaliénables et inviolables. Mais aujourd’hui, examinons ce que sont ces droits, d’où ils viennent, ce qu’ils sont. Le saint pape Jean-Paul II dans son encyclique «Centesimus annus » tente précisément d’expliquer comment et de quels droits de l’homme nous parlons aujourd’hui.

Le premier et le plus important des droits de l’homme est le droit à la vie. Ce droit inclut le droit de l’enfant à se développer dans le ventre de sa mère, dès sa conception. Le droit de vivre dans une cellule famiale complète, d’avoir un père et une mère. Le droit d’avoir un développement favorable de la personnalité enfantine dans une atmosphère morale favorable d’amour.  C’est aussi le droit de développer son esprit et sa liberté, en recherchant et en connaissant la vérité. C’est le droit de travailler. Le droit de participer à l’utilisation rationnelle des biens terrestres et de gagner sa vie et celle de sa famille par son travail. Le droit de fonder librement une famille, d’avoir et d’élever des enfants, d’assumer la responsabilité de sa vie sexuelle. L’une des composantes importantes des droits de l’homme est le droit à la liberté religieuse. Par ce concept, nous entendons le droit de vivre selon la vérité de la foi, ainsi que la vocation à l’éternité, à la vie éternelle. Et le droit à la liberté religieuse est la source et la synthèse de tous les autres droits humains. Ainsi, nous voyons que le contenu des droits fondamentaux de l’homme est dérivé de la loi dite naturelle, c’est-à-dire du contenu même d’un être humain, en tant que tel. Tout ce que sa nature exige.

Malheureusement, aujourd’hui, nous devons constater que dans notre monde moderne, outre ces droits humains fondamentaux, parmi lesquels, le droit à la vie – droit au développement – est le plus important, il existe des droits présumés « créés artificiellement ou imaginaires », que certains théoriciens tirent des idéologies modernes qui n’ont rien à voir avec le concept de loi naturelle, et nient même parfois le concept de l’existence de la nature humaine. La loi naturelle elle-même reconnaît toute forme d’avortement ou d’euthanasie comme illégale, car niant le droit humain fondamental à la vie. Aujourd’hui, nous observons comment diverses idéologies détruisent, nient le droit à la vie humaine en Ukraine. Parmi elles, nous voyons bien cette idéologie du monde russe « russkij mir », qui justifie le déni du droit à l’existence au peuple ukrainien tout entier, et démontre un caractère clairement génocidaire.

Nous observons comment, par exemple, a été ratifiée à la hâte en Ukraine la Convention d’Istanbul, qui nie ou ne respecte pas pleinement ces principes du droit naturel. C’est une sorte de sabotage contre la loi constitutionnelle de l’Ukraine et notre législateur légal traditionnel. Par conséquent, aujourd’hui, il est vraiment important d’apprendre à distinguer les droits fondamentaux et réels d’une personne qui protègent sa dignité des droits imaginaires et faux que les idéologies modernes projettent sur une personne.

Je voudrais m’adresser en particulier aux parents aujourd’hui. Aux pères et mères qui, même dans ces circonstances aussi difficiles, vivent une vie conjugale exemplaire. Parce que toutes les idéologies modernes sont essentiellement misanthropes et que la famille, en tant qu’union d’amour fructueuse et inséparable entre un homme et une femme, devient parfois la première victime de ces idéologies modernes et nouvellement apparues. Alors, à vous, hommes et femmes, à vous, à votre famille chrétienne, je veux m’adresser aujourd’hui avec des mots de gratitude, de prière et de soutien. Je remercie les pères et les mères qui, même en temps de guerre, n’ont pas peur des fardeaux de la paternité et de la maternité. Et lorsque vous êtes contraints de quitter votre Patrie natale, ou que vous êtes déjà hors des frontières de la Patrie, ne succombez pas aux tentations de cette société de consommation, qui place le bénéfice personnel d’un homme ou d’une femme au-dessus du droit à la vie de l’enfant, le droit de l’enfant à une famille, le droit de l’enfant d’avoir un père et une mère.

Aujourd’hui, je voudrais particulièrement souligner que la famille – vous père et mère – avez un droit exclusif et inaliénable, dont personne ne peut vous priver. Ce droit est la vocation et le devoir d’élever vos enfants. Divers systèmes totalitaires essaient parfois d’enlever les enfants à leurs parents et de les élever selon l’un ou l’autre schéma idéologique, comme ce fut le cas, par exemple, en Union soviétique. Mais personne n’a le droit de priver les parents du droit d’élever leurs propres enfants. Les autres institutions sociales, à la fois l’Église et l’État, doivent vous aider, pères et mères, en cela. Notre Église veut être proche. Nos communautés ecclésiales et nos paroisses sont là pour vous aider à être de bons éducateurs de vos enfants. Nos catéchistes, nos éducateurs chrétiens et nos psychologues sont prêts à être à vos côtés et toujours à votre service, afin que vous puissiez accomplir dignement ce droit et ce devoir, avec l’aide de Dieu.

Que Dieu bénisse l’Ukraine ! Que Dieu bénisse le peuple Ukrainien ! Ô Dieu, Toi qui nous as donné le droit à la vie, donne-nous la force de protéger ce droit dans notre État ukrainien libre et indépendant. Que Dieu bénisse l’armée ukrainienne, qui veille aujourd’hui sur ce droit humain fondamental.

Que la bénédiction du Seigneur soit sur vous avec Sa grâce et Son amour pour l’humanité pour toujours et à jamais. Amen

Gloire à Notre Seigneur Jésus-Christ !

+ Sviatoslav