Secrétariat du Primat de l’EGCU (Église gréco-catholique ukrainienne) – Rome
Sa Béatitude Sviatoslav Shevchuk – Archevêque Majeur
Gloire à Jésus-Christ !
Chers frères et sœurs en Christ !
Nous sommes aujourd’hui le mardi 15 novembre 2022, et en Ukraine déjà le 265ème jour d’une grande et terrible guerre, qui fait chaque jour de nouvelles victimes, de nouveaux tués et blessés.
Encore et toujours, de violents combats se poursuivent sur toute la ligne de front. Il semble que l’épicentre des opérations militaires se concentre dans notre région de Donetsk et dans le sud de la région de Louhansk. Nos soldats repoussent d’innombrables attaques de russes criminels armés, et défendent héroïquement notre patrie. Mais l’ennemi frappe encore et encore nos villes et villages paisibles, même au-delà de la ligne de front. Les villes et villages de la région de Soumy et de la région de Kharkiv, de la région de Donetsk et de la région de Kherson ont de nouveau été touchés. Nous avons appris ce matin que l’ennemi a de nouveau lancé une attaque à la roquette sur la banlieue de Zaporizhia. En résultent encore beaucoup de destructions, toujours plus de douleur humaine. La terre ukrainienne est en feu !
Nous avons été particulièrement révolté en écoutant la déclaration de notre président selon laquelle la Russie aurait expulsé plus de 11 000 enfants ukrainiens d’Ukraine. Et ce ne sont que ceux dont nous avons connaissance. Et ceux qui ne sont malheureusement pas répertoriés, n’entrent pas dans ces statistiques. Et aujourd’hui nous demandons à toutes les institutions internationales : ensemble faisons tout pour que les enfants d’Ukraine reviennent dans leur Patrie, chez leurs parents, chez eux !
Mais aujourd’hui déclarons : l’Ukraine est debout ! L’Ukraine se bat ! L’Ukraine prie ! Et nous remercions le Seigneur Dieu et les Forces armées ukrainiennes, d’avoir survécu jusqu’à ce matin et de voir le soleil du matin, qui nous inspire l’espoir de la victoire, l’espoir en l’avenir.
Je voudrais poursuivre avec vous nos réflexions sur la guérison des blessures, des blessures de notre peuple, sur notre, peut-être, nouvelle forme de comportement qui tendrait à soutenir, guérir, protéger tous ceux qui luttent contre leur maladie et leurs traumatismes. Et un élément très important de cette guérison est la gratitude nationale et l’attention portée à ceux qui ont été blessés, en particulier au front. Notre attention et nos condoléances à tous ceux qui ont été traumatisés par cette guerre. La guerre a entraîné la destruction de notre Ukraine, et parfois aussi de nos âmes, de notre psyché, de notre sphère physiologique. Mais parmi nous, il y a ceux qui ont perdu, peut-être plus que nous. Quand c’est difficile pour nous, souvenons-nous de ceux qui souffrent davantage. Lorsque nous souffrons, nous pouvons être sûrs que quelqu’un souffre beaucoup plus que vous et moi. Restons donc attentifs à ceux qui sont dans le besoin.
Nos défenseurs, qui ont été handicapés à la suite d’opérations de combat, porteront ces signes douloureux sur leur corps pour le reste de leur vie. Et nous, en tant que nation, en tant qu’église, n’avons pas le droit de les oublier un seul instant. Il se trouve que l’on se souvient des anciens combattants, des victimes et des personnes handicapées qu’une ou quelque fois par an, à l’occasion d’un anniversaire ou d’une journée spéciale de commémoration. Dans la vie de tous les jours, ils sont parfois abandonnés et oubliés. Ils survivent à peine dans le monde que nous appelons paisible. Nous n’avons pas le droit de les délaisser et de les oublier. Notre gratitude et notre compréhension devraient également être profondes et durables, ainsi que fortes et actives jusqu’à la fin de notre vie terrestre.
Nous voulons, dans chacun de nos diocèses, créer des centres de réhabilitation. Nos monastères sont ouverts pour accueillir ceux qui soignent leurs blessures de la guerre dans divers programmes, camps, communautés. Un jour, un psychologue pratiquant a partagé son observation en disant : « Les offices de l’église : matines, vêpres, liturgie – sont un espace thérapeutique où l’on ressent la beauté et l’harmonie du paradis. Et ce sentiment, l’expérience de la proximité de Dieu à travers la beauté et la bonté est thérapeutique, curatif. »
Que le Seigneur Dieu guérisse nos blessures. Ouvrons-lui nos cœurs, et soyons aussi Ses mains qui font le bien. Que nos cœurs soutiennent ceux qui ont le plus de mal aujourd’hui.
Je vous demande d’écouter à nouveau l’appel du métropolite Andriy Sheptytsky, qui, à mon avis, est très important et peut-être prophétique pour notre société. Il nous appelle toujours inlassablement à l’unité : » Tous ceux qui se soucient vraiment du bien en Ukraine doivent considérer qu’il est de leur devoir de travailler dur tout au long de leur vie pour multiplier les éléments d’unité dans notre peuple. «
Que ce respect, cet honneur, ce soutien et cet amour pour les vétérans de cette guerre, pour ceux qui en ont souffert, deviennent une école d’unité, une école d’amour pour nous tous.
Ô Dieu, bénis l’Ukraine ! Ô Dieu, bénis l’armée ukrainienne ! Ô Dieu, protège nos filles et nos garçons qui sont obligés de défendre leur patrie les armes à la main. Protège-les de la mort et des blessures ! Ô Dieu, essuie les larmes de nos veuves et orphelins, des mères qui ont perdu leurs enfants dans cette terrible guerre. Ô Dieu, accorde à notre Ukraine qui souffre depuis si longtemps Ta paix céleste et juste !
Que la bénédiction du Seigneur soit sur vous avec Sa grâce et Son amour pour l’humanité pour toujours et à jamais. Amen
Gloire à Notre Seigneur Jésus-Christ !
+ Sviatoslav
Métropolite Andriy Sheptytsky : 1865 – 1944